Cessez-le-feu dans le Donbass, priorité de Volodymyr Zelensky, investi président ukrainien

De comédien-humoriste à président de l’Ukraine. Volodymyr Zelensky, élu lors de l’élection présidentielle ukrainienne il y a un mois, a été investi chef de l’État, lundi 20 mai. Son investiture marque une nouvelle ère pour ce pays indépendant depuis moins de 30 ans, éprouvé par une guerre et des difficultés économiques.

Volodymr Zelensky est arrivé au pied du Parlement depuis son domicile proche, saluant la foule massée sur son itinéraire et s’adonnant à de nombreux selfies. Élu après une victoire écrasante face au président sortant Petro Porochenko, l’ex-comédien âgé de 41 ans est le plus jeune président que l’Ukraine post-soviétique ait connu.

Selfies et prestation de serment

Vêtu d’un costume sombre, une main posée sur la Constitution de ce pays indépendant depuis 1991 et un évangile du XVIe siècle, Volodymyr Zelensky s’est plié aux rituels de l’investiture, dont la prestation de serment.

« Je m’engage, par toutes mes actions, à protéger la souveraineté et l’indépendance de l’Ukraine, à veiller au bien-être de la patrie et du peuple ukrainien, à défendre les droits et libertés des citoyens, à respecter la Constitution et les lois de l’Ukraine, à remplir mes devoirs dans l’intérêt de tous mes compatriotes, à élever l’autorité de l’Ukraine dans le monde », a-t-il déclaré.

« Mon cher peuple, pendant toute ma vie j’ai essayé de tout faire pour que les Ukrainiens sourient (…) Pendant les cinq prochaines années, je vais tout faire pour que vous ne pleuriez pas », a promis l’ancien humoriste en concluant son discours d’investiture.

« Merci, c’était marrant », a réagi le président du Parlement, Andry Paruby, en clôturant la session plénière solennelle.

Cette scène a déjà eu lieu à l’écran. Dans la série télévisée « Serviteur du peuple », Volodymyr Zelensky incarnait un professeur d’histoire subitement élu président. À l’annonce de sa candidature, le 31 décembre dernier, peu nombreux ont été ceux qui ont pris l’acteur au sérieux. Contre toute attente, à l’issue d’une campagne inédite, jouée essentiellement sur les réseaux sociaux, il a remporté plus de 73 % des suffrages au second tour de l’élection présidentielle, le 21 avril, face au sortant Petro Porochenko.

Dissolution du Parlement

Élu sans programme précis, capitalisant sur la défiance des Ukrainiens envers le pouvoir et ses élites, le candidat Zelensky promettait de mettre fin à la corruption et de casser le « système ». Après son investiture, Zelensky a prononcé une adresse à la Nation, événement attendu étant donné les inconnues entourant ses intentions.

« Notre première tâche, c’est d’arriver à un cessez-le-feu dans le Donbass », le bassin houiller en partie contrôlé par les séparatistes, a assuré le président dans son discours d’investiture, se disant prêt pour cela à des mesures impopulaires et provoquant une salve d’applaudissements de députés.

Volodymyr Zelensky, qui s’engage à maintenir le cap pro-occidental de l’Ukraine, dispose d’un programme flou et son équipe reste largement inconnue. Beaucoup s’interrogent sur sa capacité à diriger un pays toujours confronté à d’immenses défis, une guerre qui se poursuit et de lourdes difficultés économiques.

Confronté à une classe politique frondeuse, et pour profiter de l’élan de sa victoire écrasante, Volodymyr Zelensky a annoncé dissoudre le Parlement, déclenchant ainsi des législatives anticipées, sans attendre le scrutin prévu en octobre. Mais le lancement de cette procédure complexe reste entouré d’incertitudes juridiques et les députés actuels pourraient encore l’entraver.

Il a également demandé aux élus de « limoger » plusieurs fidèles de son prédécesseur, parmi lesquels le ministre de la Défense, le procureur général et le chef des services de sécurité (SBU).

Rapprochement avec l’Occident

Les alliés de Kiev ont chaleureusement accueilli l’élection de Volodymyr Zelensky, une « stratégie d’accolades » selon un site ukrainien spécialisé dans les affaires internationales, pour s’assurer qu’il poursuivra le rapprochement avec l’Occident.

Mais le voilà déjà confronté à plusieurs situations délicates au plan diplomatique.

Trois jours après son élection, le Kremlin a facilité l’octroi de la nationalité russe aux habitants des territoires séparatistes de l’est de l’Ukraine, initiative fermement condamnée par le nouveau président ukrainien, et perçue par beaucoup de commentateurs à Kiev comme un test de début de mandat.

En mai, l’avocat personnel de Donald Trump, Rudy Giuliani, a annulé une visite à Kiev évoquant des « ennemis » du président américain présents selon lui dans l’entourage de Volodymyr Zelensky, faisant craindre de possibles crispations avec la Maison Blanche, alliée cruciale de Kiev face à Moscou.

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