États-Unis – Iran : où est la menace ?

C’est un tweet qui a provoqué l’émoi. Dimanche soir, alors qu’un grand nombre d’Américains et d’Iraniens attendaient avec impatience la diffusion du dernier épisode de la saga Game of Thrones, Donald Trump a effectué une nouvelle sortie dévastatrice sur Twitter : « Si l’Iran veut se battre, ce sera la fin officielle de l’Iran. »

Et le président américain d’avertir : « Plus jamais de menaces à l’encontre des États-Unis. » Un message de 102 caractères qui rappelle « le feu et la colère » que le pensionnaire de la Maison-Blanche avait promis à la Corée du Nord le 8 août 2017, après que Pyongyang avait réussi à miniaturiser une tête nucléaire sur un missile.

Donald Trump réagissait vraisemblablement cette fois au tir le jour même d’une roquette Katioucha contre la zone verte à Bagdad, quartier ultrasécurisé abritant de nombreux bâtiments gouvernementaux irakiens et des ambassades occidentales, dont celle des États-Unis. Déclenchée depuis une zone multiconfessionnelle à l’est du Tigre, l’attaque, qui n’a fait aucune victime, n’a toujours pas été revendiquée. Mais, dans le contexte actuel de tensions exacerbées entre Washington et Téhéran, les regards se tournent inexorablement vers les milices chiites irakiennes de la Mobilisation populaire, proche de la République islamique.

« Il semble que la perception par l’Iran d’une augmentation d’une menace suite aux déploiements militaires américains dans la région a à son tour exacerbé la perception américaine d’une menace iranienne », confie au PointAli Vaez, directeur du programme Iran de l’International Crisis Group. « Voilà la définition même de malentendus qui mènent à des prophéties autoréalisatrices. » De son côté, Hamzeh Safavi, professeur de sciences politiques à l’université de Téhéran, estime « normal que l’Iran se mette en état d’alerte militaire lorsque l’autre camp (les États-Unis, NDLR) envoie un porte-avions et des bombardiers B-52 dans le golfe Persique, ce qui est perçu comme une menace en Iran ».

À en croire cet expert, également directeur de l’Institut pour les études futures du monde islamique (IIWFS), les Iraniens se tiennent prêts depuis le retrait unilatéral des États-Unis de l’accord sur le nucléaire, en mai 2018, qui a été suivi de deux salves de sanctions draconiennes contre le système bancaire et les ventes de pétrole de la République islamique. Mais Hamzeh Safavi précise néanmoins : « Il a toutefois été ordonné aux forces iraniennes de ne pas frapper en premier et l’Iran a récemment diminué le nombre de missiles déployés. »

En effet, d’après les informations du New York Times, les Gardiens de la révolution auraient retiré en fin de semaine dernière des missiles d’au moins deux boutres pour faire diminuer la tension avec les États-Unis, selon des sénateurs et des responsables du Pentagone. Deux navires destroyers américains, le USS McFaul et le USS Gonzalez, ont également traversé jeudi le détroit d’Ormuz sans encombre, ce qui fait dire à certains responsables américains, cités par le quotidien, que la démonstration de force de Washington a porté ses fruits.

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