Élections philippines : Duterte consolide son pouvoir en prenant le contrôle du Sénat

Les alliés de Rodrigo Duterte ont pris le contrôle du Sénat lors des élections de mi-mandat, offrant au président philippin la dernière institution qui résistait encore à ses politiques controversées, selon les résultats officiels annoncés mercredi.

Le Sénat, qui compte 24 membres et est renouvelé par moitié tous les six ans, est traditionnellement considéré comme plus indépendant face au pouvoir exécutif que la chambre basse du parlement. Il l’a encore prouvé en jouant depuis trois ans un rôle crucial pour bloquer certaines des initiatives les plus controversées du bouillant président. Or, les partisans de M. Duterte ont raflé neuf des sièges de sénateurs qui étaient remis en jeu lors des élections du 13 mai, les trois autres ayant été gagnés par des candidats indépendants, ont annoncé mercredi les autorités électorales. L’opposition ne contrôle plus que quatre sièges. Les partisans du président sont également majoritaires à la chambre basse. Ces résultas donnent au chef de l’État les coudées franches pour mettre en œuvre ses projets controversés de rétablissement de la peine de mort et de réforme de la constitution.

« Il est clair qu’il sera soutenu quand il présentera les projets de loi qui étaient jusque là bloqués », a déclaré à l’AFP le politologue Ramon Casiple. Élu en 2016, M. Duterte a été la cible de critiques des capitales occidentales en raison de sa politique violente de lutte contre le trafic de drogue et de tirades parfois ordurières.

Mais il conserve une très forte popularité dans l’archipel, en raison notamment de son franc parler, une partie des Philippins continuant de le voir comme un recours crédible face à l’inefficacité prêtée aux élites politiques traditionnelles. M. Duterte s’est engagé à rétablir la peine capitale pour les crimes liés au trafic de drogue dans le cadre de sa campagne contre les stupéfiants, au cours de laquelle des milliers de trafiquants et de consommateurs présumés ont péri. Parmi les nouveaux sénateurs, figure notamment l’ex-chef de la police nationale, Ronald dela Rosa, qui fut chargé en 2016 de la mise en œuvre de la « guerre contre la drogue ».