Le parti du Premier ministre Narendra Modi possédait jeudi une large avance dans les premières tendances du dépouillement des législatives indiennes, augurant d’une probable reconduction des nationalistes hindous à la tête du géant asiatique.
À 11H20 locales (05H50 GMT), le Bharatiya Janata Party (BJP, Parti du peuple indien) était en tête du comptage des voix dans 288 circonscriptions, sur 542 sièges de députés à la chambre basse du Parlement, la Lok Sabha, d’après le site de la commission électorale.
Si ces tendances se confirment, la coalition emmenée par le BJP dépasserait confortablement la majorité absolue de 272 parlementaires. Le BJP pourrait même franchir à nouveau cette barre seul, une situation peu courante dans l’histoire politique indienne, plutôt habituée aux larges coalitions.
Par contraste, le parti du Congrès, principale formation d’opposition, ne faisait la course en tête que dans 50 circonscriptions de la Lok Sabha. Aucun siège n’a encore été déclaré officiellement.
Les marchés financiers indiens, qui voient le chef de gouvernement comme favorable aux affaires, ont bondi à l’annonce de ces premières tendances et atteint des niveaux inédits. L’indice Sensex a brièvement franchi la barre encore jamais atteinte de 40.000 points. La roupie se renforçait aussi face au dollar.
Des stars de Bollywood aux modestes vendeurs de rue, des agriculteurs de la plaine du Gange aux magnats milliardaires, 67 % des 900 millions d’électeurs indiens se sont exprimés pour ces 17e législatives depuis l’indépendance du géant d’Asie du Sud, un niveau de participation normal.
La démocratie la plus peuplée du monde a élu ses députés au cours d’un vote marathon étalé sur six semaines entre avril et mai, le plus grand scrutin jamais organisé dans l’Histoire. Le comptage des voix, enregistrées sur des machines électroniques dans plus d’un million de bureaux de vote, a débuté jeudi à 08H00 locales (02H30 GMT) à travers le pays.
Le ministère de l’Intérieur a demandé aux autorités locales de se tenir en alerte sur de possibles éruptions de violence.
Pratiquant une ultra-personnification du pouvoir et doté d’un sens politique redoutable, Narendra Modi a fait de ces législatives un quasi-référendum sur sa personne. Cet adepte d’une gouvernance par coups d’éclat a axé sa campagne sur un discours sécuritaire anxiogène, s’érigeant en défenseur de la nation.
Modi contre Gandhi
À la télévision, sur internet, sur des affiches dans la rue, le visage orné d’une barbe blanche et barré de fines lunettes de Narendra Modi est une présence constante dans la vie quotidienne des Indiens depuis son arrivée au pouvoir en 2014. Une saturation de l’espace public que l’Inde n’avait plus connue depuis la Première ministre Indira Gandhi, assassinée en 1984.
Le charismatique fils d’un vendeur de thé du Gujarat (ouest) est opposé à une myriade de puissants partis régionaux bien décidés à le faire chuter, ainsi qu’au parti du Congrès emmené par l’héritier de la dynastie politique des Nehru-Gandhi, Rahul Gandhi.
Arrière-petit-fils, petit-fils et fils de Premiers ministres indiens, Rahul Gandhi, 48 ans, a la lourde charge de rajeunir et ramener aux responsabilités une formation hétérogène et usée par sa longévité.
Longtemps dépassé par le rouleau compresseur des nationalistes hindous, il s’est aguerri ces derniers mois et leur a infligé plusieurs revers électoraux dans des États-clés.
Avant le dépouillement, les analystes doutaient que « NaMo », 68 ans et 142 centimètres de tour de poitrine – comme il s’en est un jour vanté -, parvienne à réitérer son exploit de 2014 en obtenant la majorité absolue avec son seul parti. Le système parlementaire indien n’avait pas connu une telle domination depuis trois décennies.
Le dirigeant nationaliste hindou était il y a cinq ans l’un des premiers représentants de la vague populiste mondiale actuelle à accéder au pouvoir. Vu comme réformateur et favorable aux affaires, il promettait de dynamiser la croissance et de propulser l’Inde au statut de puissance économique majeure.
Au terme de son mandat, qui a aussi vu une crispation politico-religieuse de la société indienne, le Premier ministre présente un bilan économique en demi-teinte.
Malgré un taux de croissance enviable vu de l’extérieur (6,7 % en 2017 – 2018), la progression est jugée insuffisante au regard du potentiel et des besoins du géant de 1,3 milliard d’habitants.