Toutes les formations politiques le savent, les élections européennes ne soulèvent pas les foules.
En France, il s’agit d’une des élections où la participation est traditionnellement la plus faible. En 2004, l’abstention bat à l’époque un record en France avec 57,2 % des inscrits qui boudent les urnes. En 2009, la participation plonge à 40,6 %. Malgré un regain d’intérêt pour l’élection en 2014, le taux de participation plafonne à 42,4 %. Les têtes de liste savent depuis le démarrage de la campagne qu’elles doivent s’adresser avant tout à leur électorat. D’autant plus que, cette année, le nombre de listes présentesest particulièrement élevé. « Il y a 34 listes, il y aura forcément une dispersion », analyse un membre de la majorité.
Dramatiser les enjeux
Les macronistes restent lucides quant à leur réserve de voix. « Nous avons réuni 9 millions de voix en 2017. Étant donné la participation traditionnellement faible aux européennes, nous pouvons espérer atteindre 4 millions de voix. Nous avons un réservoir de 5 millions de voix à aller chercher le 26 mai. À nous de bien expliquer en quoi le moment est crucial », analyse un député de la majorité. « Si on mobilise au maximum notre électorat du premier tour, c’est déjà très bien », renchérit Pacôme Rupin, député LREM de Paris. Au Rassemblement national (ex-FN), le raisonnement est le même. Les deux formations données en tête dans les sondages cherchent toutes deux à capitaliser sur la gravité du moment, à leur manière. Chez LREM, on cultive l’ADN européen du jeune mouvement. Margaux Pech, la représentante de LREM Paris, estime : « On n’a jamais cessé de parler d’Europe, et nous allons continuer. Le temps d’une campagne électorale n’est pas suffisant. Il faudra mobiliser sur ce que l’Europe fait dans notre quotidien, mais aussi voir de quelle manière Paris est perçue à Bruxelles. »
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Alors que LREM et RN sont au coude à coude, crédités chacun d’environ 23 % des intentions de vote dans les derniers sondages, les résultats de 2014 permettent d’analyser la réserve de voix possible pour le RN, ainsi que les territoires que la majorité peut espérer conquérir. En 2014, la participation était, sans surprise, la plus faible en Seine-Saint-Denis (30,12 %), suivie par la Corse-du-Sud, avec 34,43 % des inscrits se rendant aux urnes, et la Haute-Corse (35,12 %). Du côté des départements qui ont le plus voté, on retrouve naturellement Paris avec 51,35 % des suffrages exprimés, puis le Lot (49,77 %) et la Lozère (48,48 %). En moyenne, le taux de participation pour cette élection européenne en 2014, tandis que le scrutin était régional et non pas national, comme cette année, était de 42,97 %.
Le FN, grand gagnant de 2014
Le parti à la flamme remportait en 2014 sa première victoire électorale d’ampleur, et envoyait 24 députés au Parlement européen. « Les européennes sont un scrutin particulier, elles mettent traditionnellement en avant les listes les plus europhiles et les plus europhobes », analyse le député LREM de Paris, Hugues Renson. Pour la majorité, « l’objectif est d’être devant le RN, mais aussi d’avoir suffisamment d’eurodéputés pour peser, et impulser nos projets politiques pour l’Europe », rappelle Gabriel Attal, le secrétaire d’État à la Jeunesse. « Avec le Brexit, nous avons un exemple en live de ce que coûte une Europe affaiblie ou une sortie de l’UE. Le projet européen est précieux, il nous faut sortir de ce côté inné », poursuit Margaux Pech.
L’enjeu est également d’ancrer la majorité sur le territoire, deux ans après l’élection d’Emmanuel Macron. « On scrutera LREM et ses scores. Cela rendra crédibles les possibilités d’alliances pour les prochaines élections ou alors montrera qu’on pèse peu à certains endroits », note un membre de la majorité.
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De la même manière, LR, encore sous le nom d’UMP, réalisait en 2014 de jolis scores, et venait grossir les rangs du Parti populaire européen (PPE), le plus gros groupe du Parlement européen. Crédité de 12,5 % des intentions de vote à quelques jours du scrutin, LR veut croire en ses chances. « La remontada LR est une histoire que veut nous raconter Le Figaro. Cela correspond à leur lectorat. Ils ont réussi à pallier leurs divisions, c’était inespéré pour eux. Mais la dynamique de centre droit est de notre côté », assure un parlementaire LREM.