Les partisans de Jair Bolsonaro sont appelés à descendre dans la rue dimanche dans tout le Brésil pour exiger que le Congrès, soupçonné d’incarner «la vieille politique», accélère la mise en oeuvre des réformes du président d’extrême droite.
Des manifestations ont été prévues dans des dizaines de villes par les soutiens les plus radicaux du bolsonarisme, au moment où le président est confronté, moins de cinq mois après son arrivée au pouvoir, à une érosion de sa popularité, un faible soutien au Parlement et une vague de protestation en faveur de l’éducation. Plus d’1,5 million d’étudiants et enseignants ont manifesté dans le calme le 16 mai dans plus de 200 villes brésiliennes, le premier mouvement de contestation d’ampleur nationale contre le pouvoir. Dix jours après, le degré de mobilisation de dimanche constituera un test pour le pouvoir.
Mais après avoir envisagé de manifester dimanche, le chef de l’Etat a décidé de ne participer à aucun défilé et a conseillé à ses ministres de s’abstenir eux aussi. «Je vois les manifestations du 26 (mai) comme une manifestation spontanée de la population, qui, de manière inédite, est devenue la principale voix des décisions politiques que le Brésil doit prendre», a tweeté mercredi le chef de l’Etat. Il a ajouté jeudi, lors d’un petit-déjeuner avec des journalistes, qu’il pensait qu’il y aurait «beaucoup de monde» dans les rues, tout en s’inquiétant des nombreux appels émanant de cercles extrémistes sur les réseaux sociaux en faveur d’un «auto-coup» qui suspendrait le Congrès et la Cour suprême. «Ce qui ont un tel ordre du jour se sont trompés de manifestation», a déclaré Jair Bolsonaro.
Les objections soulevées récemment par des magistrats et des parlementaires ont obligé le président à rétro-pédaler notamment sur son décret sur la libéralisation du port d’arme, en maintenant l’interdiction du port de fusil d’assaut aux civils. Le Parlement, où son parti ne dispose que de 10% de sièges, semble aussi de plus en plus tiède pour voter une réforme jugée cruciale des retraites, clé de voute du programme du président.
Les groupes ayant appelé les Brésiliens à manifester ce dimanche sont très hétérogènes. Ils comprennent par exemple des disciples d’Olavo de Carvalho, le «gourou» de Jair Bolsonaro exilé aux Etats-Unis, des groupuscules d’extrême droite et des syndicats de camionneurs. En revanche des groupes de droite, comme le Mouvement Brésil Libre (MBL) et Vem Pra Rua (Viens dans la rue) qui avaient joué un rôle majeur dans les manifestations ayant précipité la destitution en 2016 de la présidente de gauche Dilma Rousseff, ne se sont pas joints à l’appel à manifester, ou l’ont rejeté.