Les responsables irakiens, qui redoutent que les tensions accrues entre Washington et Téhéran dégénèrent sur son sol, ont mis en garde contre le « danger de la guerre », à l’occasion d’une visite du ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif.
Cette visite du chef de la diplomatie de l’Iran, grand voisin de l’Irak, intervient dans le sillage de l’annonce par le président américain Donald Trump de l’envoi de 1.500 soldats américains supplémentaires dans la région. Le Pentagone argue de « menaces persistantes de la part de l’Iran ».
De son côté, Téhéran, par la voix de M. Zarif, a dénoncé cette décision, la qualifiant de « menace pour la paix et la sécurité internationales ».
Pris en étau entre ces deux grands alliés, l’Irak a dénoncé samedi soir le « danger d’une guerre », par la voix de son Premier ministre, Adel Abdel Mahdi, lors d’une rencontre avec M. Zarif.
Le dirigeant irakien a au contraire plaidé pour « la stabilité de la région et le maintien de l’accord sur le nucléaire » iranien de 2015, a indiqué son bureau.
Vendredi, l’homologue irakien de M. Zarif, Mohammed Ali al-Hakim, avait appelé la République islamique à respecter l’accord sur son programme nucléaire, fragilisé par le retrait unilatéral américain et par la suspension par Téhéran de certains engagements.
Le président irakien Barham Saleh a aussi discuté avec M. Zarif de « la nécessité d’empêcher toute guerre ou escalade », selon un communiqué de son bureau.
M. Zarif doit tenir dans la matinée de dimanche une conférence de presse avec M. Hakim, avant de rencontrer des représentants de différentes forces politiques puis des dignitaires religieux dans les villes saintes chiites de Kerbala et Najaf, dans le sud de l’Irak, jusqu’à lundi.
L’Irak, où l’Iran a fortement renforcé son influence après l’invasion menée en 2003 par les Américains, est actuellement pris au milieu des tirs croisés de ses deux alliés.
Vendredi soir, des milliers d’Irakiens ont manifesté pour dire « non à la guerre » à Bagdad et dans la deuxième ville du pays, Bassora, cité pétrolière à la pointe sud de l’Irak frontalière de l’Iran.
Sous une nuée de drapeaux irakiens, ils ont brandi des pancartes proclamant en arabe, en anglais et en farsi leur refus d’un affrontement entre les Etats-Unis et l’Iran, qui menace d’entraîner un nouveau cycle de violences en Irak, sorti d’une guerre meurtrière et dévastatrice contre le groupe Etat islamique (EI) il y a moins d’un an et demi.