Une série d’actes de vandalisme «alarmants» ont été commis sur des portraits de rescapés de l’Holocauste exposés en plein centre de Vienne, ont dénoncé lundi le chef de l’Etat autrichien et les organisateurs de la manifestation.
Pour la troisième fois depuis leur mise en place début mai, des portraits de victimes des crimes nazis accrochés le long d’une des principales artères de la capitale autrichienne ont subi des dégradations dans la nuit de dimanche à lundi. Les visages représentés sur une dizaine de photos, sur quelque 80 portraits au total, ont été découpés, a constaté un photographe de l’AFP. Au cours des 15 derniers jours, d’autres avaient été recouverts de croix gammées ou tailladés au couteau.
Le chef de l’Etat Alexander Van der Bellen s’est déclaré lundi «profondément inquiet» de ces atteintes à la mémoire des victimes du nazisme. L’association ESRA, à l’initiative de cette exposition, a dénoncé des actes «alarmants». «Je sais que la majorité écrasante de la société autrichienne rejette clairement les atrocités commises par les nazis. Que certains ne puissent supporter la vérité et le rappel solennel que ces photos expriment est accablant», a écrit Alexander Van der Bellen.
L’auteur des portraits, Luigi Toscano, s’est déclaré «bouleversé». Présent à Vienne lundi, ce photographe italo-allemand a indiqué à l’AFP que c’était «la première fois» que cette exposition subissait de tels assauts. Ces portraits ont été exposés dans plusieurs pays. «C’est la treizième exposition, il y a déjà eu des petites choses, du vandalisme qui n’était pas politiquement motivé mais rien dans cette proportion. Ici, c’est le radicalisme de droite qui s’exprime», a-t-il estimé. Des veillées de protection de l’exposition ont été annoncées lundi par des associations de bénévoles, dont un groupe de jeunes musulmans.
Un rapport de la plateforme autrichienne «Forum contre l’antisémitisme» a recensé 503 actes antisémites dans le pays en 2017, le double du chiffre de 2014, dans un pays qui possède l’une des législations les plus répressives pour sanctionner l’apologie du nazisme. Allié jusqu’à récemment au parti d’extrême droite FPÖ, le chancelier conservateur Sebastian Kurz a fait des relations avec Israël une priorité de sa politique étrangère et affirme régulièrement la détermination de son gouvernement à combattre l’antisémitisme.