Le ministre de la Sécurité de Bosnie-Herzégovine, Dragan Mektic, a appelé à manifester mercredi contre une haute instance judiciaire, nouvelle illustration des profonds dysfonctionnements institutionnels dans ce pays divisé.
Sur son compte Twitter, Dragan Mektic a appelé ce week-end à «une manifestation massive de citoyens» devant le Haut conseil des tribunaux et des procureurs (VSTV), chargé de désigner les magistrats. «Afin de sauver le pays et nous-mêmes, il est nécessaire d’abolir» cette instance «criminelle», a expliqué le ministre, qui accuse son président de corruption.
Celui-ci, Milan Tegeltija, a accusé le responsable d’appeler à une «manifestation politique» et dénoncé cette pression de l’exécutif sur le pouvoir judiciaire. Dragan Mektic n’en est pas à son premier conflit avec le pouvoir judiciaire. Il a récemment critiqué ce qu’il considère être une trop grande mansuétude des tribunaux envers les djihadistes bosniens de retour de Syrie et d’Irak. Il leur reproche également de ne pas assez se pencher sur les cas de corruption dans le monde politique.
Née des accords de Dayton qui avaient mis fin à la guerre intercommunautaire (1992-95), l’organisation institutionnelle de la Bosnie est extraordinairement complexe jusqu’à aboutir à une quasi-paralysie. Elle est divisée en deux entités principales, l’une serbe, l’autre croato-bosniaque, semi-indépendantes, reliées par de faibles institutions centrales. La fédération croato-bosniaque est elle-même divisée en une dizaine de cantons qui disposent chacun de leur gouvernement. La présidence du pays est tripartite, avec un Serbe, un Bosniaque et un Croate. Les deux premiers sont des nationalistes, la légitimité du troisième est très contestée au sein de sa communauté.
Près de huit mois après les dernières élections générales, la Bosnie ne dispose toujours pas d’un nouveau gouvernement central, les différents partis n’étant pas parvenus à se mettre d’accord. Les 3,5 millions de Bosniens sont pour moitié bosniaques (musulmans), pour un tiers serbes (orthodoxes), les Croates (catholiques) constituant environ 15% de la population.