C’est du jamais-vu en Roumanie : des bureaux de vote pris d’assaut par des jeunes qui ont voulu exprimer leur choix aux élections européennes. Avec un taux de participation de 49 %, ces élections ont trouvé un sens dans ce pays.
« J’en avais assez de ces corrompus qui nous gouvernent, affirme Dan Deleanu, un lycéen de Bucarest âgé de 19 ans qui vote pour la première fois. La Roumanie n’a aucune perspective en dehors de l’Union européenne. Je vote pour que mon pays puisse trouver sa place en Europe. Je suis jeune, je veux voyager, je veux étudier où je veux, je n’ai pas envie que des allumés détruisent cette Europe qui me permet déjà de faire tout cela. »
Le Parti social-démocrate (PSD) qui gouverne la Roumanie depuis 2016 est le grand perdant des élections européennes. Le PSD qui avait remporté 46 % des voix en 2016 n’a obtenu dimanche que 24 % des suffrages. Les jeunes Roumains ont refusé de remettre en question l’État de droit comme le préconisait le PSD. Le gouvernement social-démocrate a tenté à plusieurs reprises de limiter les pouvoirs des magistrats afin de blanchir le leader de la gauche Liviu Dragnea condamné à deux reprises à des peines de prison : deux ans avec sursis en 2016 pour fraude électorale, et de la prison ferme en 2018 pour trafic d’influence, condamnation qu’il a contestée en appel. M. Dragnea fait également l’objet d’une enquête de la part de l’Office européen de lutte antifraude (OLAF) de Bruxelles qui l’accuse d’avoir détourné 21 millions d’euros.
La droite redresse la tête
Autre surprise de ces élections européennes en Roumanie : l’opposition de droite a retrouvé son souffle. Le Parti national libéral (PNL) a devancé le PSD grâce à un score de 27 % de suffrages. Enfin, une alliance de partis issus de nulle part, l’USR-Plus, représentant la jeune génération se retrouve en troisième position avec 21 % des suffrages. Le spectacle offert par l’organisation des élections à l’étranger effectuée par le gouvernement de gauche s’est retourné contre lui. Dans plusieurs capitales européennes les Roumains de la diaspora ont fait la queue pendant des heures pour voter, mais la plupart d’entre eux n’y sont pas parvenus en l’absence d’un minimum de logistique et d’organisation. « Le gouvernement social-démocrate doit partir, a affirmé le président libéral Klaus Iohannis. Ce gouvernement est une honte pour le pays. »
Le président Iohannis a profité de ces élections pour organiser un référendum anticorruption censé interdire aux hommes politiques condamnés pour corruption d’occuper des fonctions publiques. Le seuil de 30 % de participation nécessaire pour valider le référendum a été atteint puisque 41 % des Roumains ont ainsi exprimé leur option. « Le vote d’aujourd’hui montre que la Roumanie est en train de renaître, a déclaré Dacian Ciolos, l’étoile montante de la scène politique roumaine et chef de file de l’alliance USR-Plus. Et nous n’avons pas dit notre dernier mot. »