Européennes en Autriche : le chancelier Kurz s’offre un sursis

Une semaine après la vidéo discréditant l’extrême droite (FPÖ), un jour avant la motion de censure au Parlement qui va décider de l’avenir du chancelier Kurz (ÖVP) : le résultat des européennes en Autriche est l’un des points de mire de cette soirée électorale en Europe.

À qui le scandale de corruption, qui a éclaboussé l’extrême droite autrichienne et envoyé voler en éclats la coalition qu’elle forme avec le chancelier conservateur Sebastian Kurz, va-t-il profiter ? Bruxelles et l’Europe n’étaient en effet que le lointain décor d’une élection qui s’est jouée presque exclusivement sur la politique intérieure.

Selon les premiers résultats, le gagnant est clairement Sebastian Kurz. Le parti conservateur du chancelier, le ÖVP, enregistre 34,5 % des voix (soit 7,5 points de plus qu’en 2014). Mais plus important pour mesurer l’impact de l’Ibizagate : à la mi-mai, avant le scandale, les sondages ne lui donnaient que 30 %. Quant au SPÖ, le parti social-démocrate, il ne semble pas offrir de refuge aux déçus de l’extrême droite puisqu’il plafonne autour des 23,5 %.

Les déçus du FPÖ ont donc rejoint les rangs de la droite traditionnelle. Mais – et c’est là la surprise – ils sont bien moins nombreux qu’on ne pouvait s’y attendre à avoir souhaité punir leur parti puisque le FPÖ n’enregistre que des pertes relativement légères. Crédité de 23 % des suffrages à la mi-mai, il passe à 17,5 % ce soir. C’est un glissement plutôt qu’un effondrement. On est donc très loin de l’hécatombe annoncée par certains après que le chef du FPÖ, Heinz-Christian Strache, a été pris en flagrant délit de corruption alors qu’il envisageait de troquer des marchés publics contre des financements occultes avec la nièce présumée d’un oligarque russe dans une villa à Ibiza.

Kurz consolide sa position

Très fragilisé par l’éclatement de sa coalition décriée, le chancelier Kurz consolide donc sa position. Il aura grand besoin de ce petit coup de pouce européen pour affronter les prochaines échéances. Son avenir politique ne tient en effet qu’à un fil. Le secrétaire général de l’ÖVP, Karl Nehammer, n’a pas hésité à jouer sur les mots en affirmant que ce résultat aux européennes est un « vote de confiance très clair pour le chancelier Kurz ». Un optimisme que le principal concerné ne semble pas partager. Dans une interview au journal Kronen Zeitung, Sebastian Kurz fait part de son scepticisme avant le vote du Parlement demain. Il s’attend à ce que le FPÖ et le parti social-démocrate SPÖ allient leurs forces pour voter ensemble la motion de censure déposée par un petit parti écologiste. L’ÖVP de Sebastian Kurz ne dispose pas de la majorité absolue au Parlement. Le jeune chancelier ne peut donc sauver sa peau qu’avec l’appui de ses deux principaux rivaux.

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