Après les législatives du 9 avril, Benyamin Netanyahou ne parvient toujours pas à former un gouvernement dans le délai accordé par la loi. Il bute sur l’intransigeance d’Avigdor Lieberman, chef du parti «Israël notre maison». La perspective d’élections anticipées se précise.
Ce mercredi 29 mai expire le délai accordé par la loi au Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou pour former une nouvelle coalition gouvernementale à l’issue des élections parlementaires du 9 avril. Le conflit autour du projet de loi sur le service militaire des juifs ultra-orthodoxes, dont l’adoption est réclamée par le chef du parti «Israël notre maison» Avigdor Lieberman et qui annulerait l’exemption systématique dont bénéficient des dizaines de milliers d’étudiants des écoles talmudiques, empêche la formation du gouvernement. Par ailleurs, la Knesset pourrait être dissoute quelques mois à peine après son élection.
«Le conflit est effectivement grave. Le peuple d’Israël ne veut pas de nouvelles élections dans l’immédiat. Le système politique israélien est composé de plusieurs partis, dont chacun exige des concessions. Pourtant, M.Lieberman ne fait pas suffisamment de concessions pour former le gouvernement et […] Malheureusement, de nouvelles élections ne sont pas à exclure», a déclaré le spécialiste du Proche-Orient Edy Cohen, de l’Université Bar-Ilan à Tel-Aviv.
Et d’ajouter qu’en cas de dissolution de la Knesset, il faudrait en élire une autre.
«Mais l’ironie est que nous risquons d’avoir des élections en tout point pareils et avec des résultats tout aussi pareils. Ainsi, en septembre ou en octobre prochain, quand Benyamin Netanyahou essaiera à nouveau de former un gouvernement, la situation pourrait ne pas beaucoup changer», a expliqué le spécialiste.
D’après lui, il n’y aura pas de gagnants dans ce conflit.
«On ne doit pas oublier non plus que ces élections ont coûté 200 millions de dollars. Les partis politiques ne veulent pas de nouvelles élections de crainte de perdre leurs fonds. […] Malheureusement, ce conflit n’est pas politique, mais personnel», a poursuivi l’universitaire.
Il a précisé qu’il s’agissait d’un conflit entre le dirigeant du parti «Israël notre maison» de Avigdor Lieberman et celui du Likoud de Benyamin Netanyahou.
«La plupart des électeurs de Lieberman sont antireligieux, et pour ne pas les trahir, il s’emploie à faire passer à la Knesset cette loi contre les juifs ultra-orthodoxes. […] Par son comportement irresponsable, Avigdor Lieberman peut bien nous amener à de nouvelles élections et porter atteinte à l’économie israélienne», estime Edy Cohen.
Il a signalé que de nouvelles élections pourraient coûter au pays encore 200 millions de dollars, portant ainsi atteinte au marché israélien.
«Un pays où des élections ont lieu tous les 4 à 5 mois peut-il être qualifié de stable? Toutes les conditions peuvent y être réunies pour investir, mais le pays n’est pas politiquement stable», a résumé l’interlocuteur.