La France doit faire cesser les «traitements inhumains» subis par les enfants de jihadistes et leur mère dans les camps en Syrie, a réclamé mercredi le Défenseur des Droits, qui avait été saisi de cette question fin 2017.
«L’État français doit adopter des mesures effectives permettant de faire cesser les traitements inhumains et dégradants subis par les enfants et leur mère dans ces camps et de mettre fin aux atteintes aux droits et à l’intérêt supérieur de l’enfant», a estimé dans un avis Jacques Toubon, pointant des «atteintes» à la Convention internationale des droits de l’enfant, signée par la France.
Toubon réclame également «l’adoption de toutes mesures effectives permettant de faire cesser la détention arbitraire des enfants français et de leurs mères dans les camps» et donne un mois au gouvernement pour qu’il fasse suite à ces «recommandations». Interrogée à la sortie du Conseil des ministres, la porte-parole du gouvernement Sibeth Ndiaye ne s’est pas exprimée sur les conditions de vie dans les camps syriens et a simplement rappelé la «position constante» de la France qui étudie les situations «au cas par cas» et ne rapatrie que des orphelins ou des enfants avec l’accord de leur mère. Cinq orphelins sont ainsi revenus de Syrie le 15 mars et une fillette de trois ans le 27 mars.
Depuis plusieurs mois, les familles et des ONG alertent sur les conditions dans lesquelles ces enfants sont retenus en Syrie (malnutrition, manque de soins, absence de scolarisation, etc.). Selon le Conseil de l’Europe mardi, 249 personnes sont mortes dans ces camps depuis fin 2018. Dans son avis, le Défenseur des droit estime «que ne sont pas garantis la prise en considération de l’intérêt supérieur de l’enfant (…) et le respect de ses droits fondamentaux». «Enfin on a une autorité nationale qui condamne la France et qui l’exhorte à respecter ses engagements internationaux et européens», a réagi auprès de l’AFP Me Marie Dosé, qui représente plusieurs jihadistes français et familles.
«Nous nous réjouissons que le Défenseur des droits prenne la mesure de l’extrême gravité des atteintes aux droits fondamentaux», ont déclaré Mes William Bourdon et Vincent Brengarth, qui représentent également plusieurs familles. Selon le Quai d’Orsay, environ 450 ressortissants français affiliés au groupe État islamique (EI) sont détenus par les Kurdes ou retenus dans des camps de réfugiés dans le nord-est de la Syrie.