Les Etats-Unis et la Russie discutent d’une «façon d’avancer» sur la Syrie, qui permettrait à Damas de sortir de son isolement à certaines conditions, dont l’acceptation d’un cessez-le-feu à Idlib, a indiqué mercredi l’émissaire américain pour la Syrie.
Après une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU, l’émissaire, Jim Jeffrey, a confié aux journalistes que Moscou et Washington exploraient «une approche par étapes» pour mettre fin au conflit syrien, qui dure depuis 2011, mais que cela nécessiterait «des décisions difficiles». Lors d’un voyage en Russie mi-mai, le secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo avait discuté d’un plan qui «permettrait à un gouvernement syrien respectant la résolution 2254 (de l’ONU) de retrouver sa place dans la communauté internationale», a dit Jim Jeffrey.
Cette résolution sur la Syrie prévoit des négociations de paix, la rédaction d’une nouvelle Constitution et des élections sous la surveillance de l’ONU. «Jusqu’à présent, nous n’avons pas vu d’avancées, comme un cessez-le-feu à Idlib ou la convocation d’une commission constitutionnelle, qui nous donneraient l’assurance que le régime d’Assad comprend ce qu’il doit faire pour mettre fin au conflit», a néanmoins souligné l’émissaire américain.
Les Etats-Unis ne réclament plus le départ de Bachar al-Assad, mais les déclarations de Jim Jeffrey semblent indiquer qu’ils ne sont pas prêts pour autant à offrir au régime syrien des incitations pour parvenir à un accord. «Il y a un intérêt sincère à trouver une solution à ce conflit. Mais cela va demander des décisions difficiles, pas seulement pour nous, mais aussi pour les Russes et surtout pour le régime syrien», a déclaré l’émissaire après avoir rencontré séparément les ambassadeurs des autres pays membres permanents du Conseil de sécurité (France, Grande-Bretagne, Russie, Chine).
Ces discussions interviennent alors que les forces syriennes appuyées par leurs alliés russes ont intensifié leurs raids meurtriers sur la province d’Idleb, dernier grand bastion jihadiste du pays. Le vice-ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Verchinine, présent à l’ONU cette semaine, a indiqué que la Russie était «prête à se coordonner» avec les Etats-Unis pour arriver à «une vision commune» sur les façons de parvenir à «un règlement politique durable en Syrie». L’émissaire de l’ONU en Syrie, Geir Pedersen, a lui souligné qu’une coopération russo-américaine était essentielle à un règlement du conflit syrien, qui a fait plus de 370.000 morts, mais que Damas devait accepter certaines mesures. «Sans cela, on risque ce que j’appellerais un scénario »Ni guerre, ni paix »», dans lequel «la Syrie ne serait pas un membre normal de la communauté internationale», a-t-il estimé.