Une ville-capitale de plus en plus riche, dans une région qui se paupérise: l’Ile-de-France est le territoire le plus inégalitaire de France, montre une étude sur la trajectoire des revenus de ses habitants entre 2001 et 2015.
Intitulée «Gentrification et paupérisation au cœur de l’Ile-de-France», cette enquête de l’Institut d’aménagement et d’urbanisme (IAU) souligne les inégalités croissantes dans cette région qui abrite 12 millions d’habitants (18,8% de la population) et produit près d’un tiers de la richesse du pays.
Si les cadres et les ménages aisés y sont surreprésentés, la pauvreté y est aussi la plus prégnante: en 2015, le taux de pauvreté est grimpé à 15,9% (un point de plus que la moyenne française), contre 12,3% neuf ans plus tôt.L’étude met en exergue la «polarisation sociale» de la région: d’un côté Paris (2,2 millions d’habitants) et les Hauts-de-Seine, départements les plus aisés du pays, continuent à «s’embourgeoiser». De l’autre, la Seine-Saint-Denis, le territoire le plus pauvre.
«La richesse est plus marquée, plus concentrée que la pauvreté. Les riches vivent plus entre eux que les pauvres», note Mariette Sagot, la démographe auteure du rapport.
Sans surprise, la «différenciation sociale reflète surtout le marché immobilier». Pour Martin Omhovère, directeur du département habitat à l’IAU, dans un contexte de flambée des prix des logements, «seuls le parc social et la loi SRU», qui impose aux villes des objectifs de construction de logements sociaux, «restent les garants de l’accueil des ménages modestes dans le centre ».
Paris n’échappe pas au phénomène de «gentrification» observé dans de nombreuses capitales, qui se traduit par l’arrivée de cadres dans des quartiers populaires, entraînant ainsi une baisse de la pauvreté.À Paris comme ailleurs, c’est le renchérissement des prix du logement qui exclut progressivement les plus modestes des quartiers centraux.
L’étude montre en parallèle un appauvrissement des secteurs les plus modestes et une baisse du pouvoir d’achat dans la moitié des communes pauvres, majoritairement concentrées en Seine-Saint-Denis et, dans une moindre mesure, dans le Val-de-Marne.
Si un tiers des villes pauvres s’inscrivent dans «une trajectoire de rattrapage modéré», «dans 44 communes, où vivent 15% des Franciliens, le revenu médian a baissé», souligne son auteure, citée par l’AFP.