La Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’Homme a appelé lundi les autorités soudanaises à «immédiatement» cesser ses «attaques», après qu’une violente dispersion de manifestations a fait au moins 13 morts.
Dans un communiqué, Michelle Bachelet a déploré «l’usage excessif de la force», notamment de tirs à «balles réelles», sur les manifestants. «J’exhorte les forces de sécurité à mettre fin immédiatement à ces attaques et à garantir à tous un accès sûr et sans entrave aux soins médicaux», a-t-elle poursuivi. «Les informations selon lesquelles des balles réelles ont été utilisées par les forces de sécurité à proximité d’installations médicales, et même à l’intérieur de celles-ci, sont extrêmement alarmantes», a-t-elle ajouté.
Le face-à-face entre les généraux au pouvoir au Soudan et le mouvement de contestation a pris une tournure sanglante lundi avec la dispersion du sit-in des manifestants à Khartoum, qui a fait au moins 13 morts selon un comité de médecins. Le Conseil militaire a pris le pouvoir après le renversement par l’armée du président Omar el-Béchir, à la faveur d’un soulèvement populaire inédit. Les manifestants réclament désormais le transfert du pouvoir aux civils.
Ces derniers jours, la tension était montée autour du sit-in, sur fond de suspension le 21 mai des négociations entre le mouvement de contestation et les généraux, faute d’accord sur la transition politique. «Le recours excessif à la force doit faire l’objet d’enquêtes rapides et indépendantes et les responsables doivent être traduits en justice», a demandé Michelle Bachelet. «Les violations des droits humains qui ont marqué l’histoire du Soudan et déclenché les protestations soutenues au cours des six derniers mois ne doivent plus être tolérées. C’est un vrai revers», a-t-elle relevé.
Michelle Bachelet a souligné que «ceux qui exercent leur droit à la liberté de réunion et d’expression pacifiques doivent être protégés et non ciblés ou détenus. C’est un principe fondamental du droit international des droits humains».
Le Conseil militaire de transition a quant à lui démenti toute «dispersion par la force» du sit-in : si une opération de sécurité a eu lieu, elle a visé un secteur «dangereux» proche de ce site emblématique faisant face au QG de l’armée et occupé depuis près de deux mois, a-t-il argué.