Selon certains documents récemment publiés et provenant des archives de l’ex-employé de l’Agence nationale de la sécurité américaine (NSA) Edward Snowden, Israël aurait largement compté sur la NSA pendant la guerre du Liban de 2006.
L’information sur le partage de renseignements entre les États-Unis et Israël pendant la guerre du Liban de 2006 ne pourrait être en réalité que la partie émergée de l’iceberg, a estimé Bill Binney, lanceur d’alerte et ex-directeur technique du renseignement américain, commentant la récente publication d’archives d’Edward Snowden.
«Je serai étonné s’il n’y a rien de plus là-dedans. Quand je travaillais à la NSA, nous élaborions un certain logiciel portant sur le numérique. À partir de 1997, ou peut-être même de 1996, quelqu’un de la NSA aurait partagé en cachette notre logiciel avec l’unité israélienne SIGINT (ISNU) de renseignements militaires, aussi connue sous le nom d’Unité 8200, l’équivalent de la NSA à Tel Aviv. On l’aurait fait « sous le manteau »», a poursuivi M.Binney.
Il avait présenté sa démission du poste de directeur technique du service d’analyse militaire et géopolitique mondiale au centre de recherche SARC (Signals Intelligence Automation Research Center) au quartier général de l’Agence nationale de la sécurité américaine en 2001, après avoir découvert que son logiciel de collecte de renseignements ThinThread avait été utilisé pour espionner des civils Américains.
Selon une note interne de la NSA, issue de la série de documents secrets divulgués par le lanceur d’alerte américain Edward Snowden, Israël a demandé à de nombreuses reprises aux États-Unis de l’aide pour localiser des terroristes du Hezbollah en vue d’assassinats ciblés.
Un article de 2006, paru dans la newsletter interne de la NSA, SIDToday, écrit par un officiel anonyme de la NSA à Tel Aviv, qui officiait comme agent de liaison avec des officiels israéliens pendant le conflit de 2006, indiquait que «les demandes d’aide de l’ISNU à la NSA étaient vastes et focalisées sur des requêtes pour des tâches sensibles, des avertissements en cas de menace, dont des [renseignements électroniques] tactiques et la réception d’informations de géolocalisation d’éléments du Hezbollah».
L’officier affirme que «même en ayant parfaitement compris les dispositions américaines, [le chef de l’ISNU Dani] Harari a cherché l’aide de la NSA pour obtenir une exception à ce cadre légal». Il disait notamment qu’Israël voyait cette interdiction comme étant «contraire non seulement au soutien d’Israël dans son combat contre le Hezbollah mais plus généralement, au soutien à la guerre américaine mondiale contre le terrorisme».
Même si l’Agence de sécurité nationale n’avait pas l’autorisation légale de partager des informations en vue d’assassinats ciblés, la pression israélienne a conduit finalement à la création d’un nouveau cadre de travail pour faciliter le partage de renseignements entre les deux pays en temps de guerre qui ne violerait pas les lois américaines.
L’autre document était une présentation interne de la NSA résumant le partage de renseignements entre les États-Unis et Israël à cette époque. L’une des pages de cette présentation avait pour titre «Que veut l’ISNU?».
«Tout!», lit-on sous ce titre, suivi d’une note manuscrite qualifiant de «problématiques» les requêtes israéliennes de données de géolocalisation.
Une autre page explique que les officiels israéliens étaient très «angoissés» pendant la guerre et dépendaient beaucoup des renseignements de la NSA.
«Ils [Israël, ndlr] nous font part également de leurs renseignements. Le problème est dans le niveau de cet échange. À l’instar d’autres partenaires, les Américains et les Israéliens essaient de s’aider l’un et l’autre. Ce serait une sorte d’accord sur des échanges entre les pays et la coopération», a supposé Bill Binney.
Ancien employé de l’Agence nationale de la sécurité américaine, Edward Snowden est recherché par les États-Unis pour des accusations d’espionnage après avoir fait fuiter de nombreux documents secrets de l’agence.