Un couple d’islamistes radicalisés qui planifiaient un attentat à la «bombe biologique» en Allemagne est jugé à partir de vendredi à Düsseldorf, un procès inédit dans ce pays qui reste sous la menace d’attaques djihadistes. Sief Allah H., Tunisien de 30 ans, et sa compagne allemande Yasmine H., 43 ans, sont accusés par le parquet antiterroriste allemand de «fabrication délibérée d’une arme biologique» visant à la «préparation d’un acte grave de mise en danger violente de l’État».
Leur arrestation en juin 2018 avait probablement permis d’éviter ce qui aurait été la première attaque biologique en Allemagne, avait déclaré Holger Münch, patron de la police criminelle allemande. «Ils ont décidé à l’automne 2017 de mener une attaque à caractère islamiste en Allemagne et de faire exploser un engin explosif au milieu d’une foule nombreuse. Ils voulaient ainsi tuer et blesser le plus de gens possible», indique l’acte d’accusation du parquet antiterroriste. Le couple, qui avait prêté allégeance au groupe Etat islamique (EI), risque jusqu’à 15 ans de prison.
A deux reprises, en août et septembre 2017, Sief Allah H. avait déjà tenté sans succès de rejoindre la Syrie via la Turquie pour rallier les combattants de l’EI avec qui il était en contact régulier, explique le parquet. Sa conjointe l’avait aidé en lui achetant notamment des billets et en lui faisant des virements bancaires. Face à ces échecs, le couple avait alors décidé de s’atteler à la préparation d’un attentat sur le sol allemand.
Quelques jours après l’arrestation de Sief Allah H. début juin 2018 à Cologne, les enquêteurs avaient retrouvé dans son appartement 84,3 mg de ricine et quelque 3300 graines de ricin permettant de fabriquer le poison. Cette substance, 6000 fois plus puissante que le cyanure, est mortelle en cas d’ingestion, d’inhalation ou d’injection. Selon l’hebdomadaire Der Spiegel, une telle attaque aurait pu tuer jusqu’à cent personnes d’un coup.
Le tribunal a pour le moment prévu seize journées d’audience jusqu’au 30 août.