La présidence philippine a rejeté samedi l’appel à une enquête sur les violations des droits humains lancé vendredi par onze experts des Nations unies, estimant qu’il s’agissait d’une « ingérence » dans les affaires du pays.
Ces experts avaient appelé vendredi les Etats membres du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à ouvrir une enquête sur les graves violations des droits humains, soulignant notamment « le nombre impressionnant de personnes tuées par la police dans le cadre de la soi-disant lutte contre le trafic de drogue ».
Selon les chiffres officiels, plus de 5.300 suspects ont été tués par la police depuis le début de la « guerre contre la drogue » lancée par le président Rodrigo Duterte après son élection il y a trois ans.
Les défenseurs des droits humains estiment que le chiffre réel est trois fois plus élevé.
Cet appel des experts de l’ONU « est non seulement idiot mais une ingérence inadmissible dans la souveraineté des Philippines », a déclaré samedi dans un communiqué le porte-parole de la présidence philippine Salvador Panelo.
Il a accusés ces experts de « colporter des informations partiales et absolument fausses », avant de souligner qu’aux Philippines, « ceux qui parlent contre la campagne contre la drogue et accusent le président de violations des droits humains ont été rejetés par l’électorat philippin ».
Les alliés du président ont en effet remporté les élections de mi-mandat du mois dernier, prenant le contrôle à la fois du Sénat et de la Chambre des Représentants.
La « guerre contre la drogue » est la politique phare du président Duterte et il la défend vigoureusement contre toutes les accusations venues de l’extérieur.
Ses critiques estiment que cette lutte revient à une « guerre contre les pauvres », et nourrit un climat d’illégalité et d’impunité dans le pays.