Martin Brudermüller, le PDG du plus grand groupe de chimie au monde, BASF, est mécontent que l’Europe permette aux États-Unis de lui prescrire une politique énergétique et de décider de projets comme le Nord Stream 2. Il estime que la Russie doit être ramenée dans la communauté internationale.
Dans une interview accordée au quotidien suisse Neue Zurcher Zeitung, Martin Brudermüller, le président directeur général du numéro un mondial de la chimie BASF, a apporté son soutien au projet Nord Stream 2 et a évoqué la nécessité de ramener la Russie dans la communauté internationale.
«Nord Stream 2 augmentera l’offre d’énergie concurrentielle. C’est bien si les Américains veulent aussi vendre plus de gaz naturel liquéfié. Cependant, la liquéfaction et la reconversion ultérieure du gaz naturel liquéfié en état gazeux produisent du CO2 supplémentaire. En outre, le gaz naturel liquéfié coûte plus cher que le gaz naturel en provenance de Russie», a déclaré le patron de BASF.
Selon lui, les Européens ne doivent pas laisser les États-Unis décider du sort de projets comme le Nord Stream 2.
M. Brudermüller a exprimé l’espoir que «le bon sens prendrait le dessus» et que Washington n’introduirait pas de sanctions contre les entreprises européennes participant à la construction du gazoduc.Il a signalé que la Russie était un partenaire géostratégique important de l’Union européenne sur le long terme et a rappelé que depuis plusieurs décennies l’Europe coopérait avec Gazprom.
Et d’ajouter: «Notre objectif doit être de ramener la Russie dans la communauté internationale».
«Lorsque l’Europe se refroidit et que vous avez rapidement besoin de beaucoup de gaz naturel, ce sont les Russes qui ouvrent la vanne», a-t-il souligné.
Une filiale de BASF, Wintershall, fait partie du consortium international mis en place pour construire et exploiter le gazoduc Nord Stream 2.
Le projet Nord Stream 2 est mis au point par la société russe Gazprom, en coopération avec les entreprises européennes Engie, OMV, Shell, Uniper et Wintershall. Il prévoit la construction d’un gazoduc d’une capacité totale de 55 milliards de mètres cubes par an qui reliera le littoral russe à l’Allemagne via la mer Baltique. Les États-Unis s’y opposent fermement.Le gazoduc passera par les eaux territoriales ou les zones économiques exclusives de la Russie, de la Finlande, de la Suède, du Danemark et de l’Allemagne. Seul le Danemark n’a pas encore donné son aval à l’opérateur Nord Stream 2 AG.
La chancelière allemande Angela Merkel avait pour sa part estimé que la Commission européenne ne serait pas en mesure d’arrêter le projet Nord Stream 2, même avec la nouvelle directive de l’UE sur le gaz.