Kassym-Jomart Tokaïev élu président du Kazakhstan au cours d’une élection marquée par des centaines d’arrestations

Le président par intérim du Kazakhstan Kassym-Jomart Tokaïev a remporté dimanche avec 70 % des voix l’élection présidentielle anticipée de ce pays d’Asie centrale, au terme d’une journée marquée par d’importantes manifestations et plusieurs centaines d’arrestations.

La victoire de M. Tokaïev, un diplomate de carrière de 66 ans, ne faisait guère de doute puisqu’il était soutenu par l’ex-président Noursoultan Nazarbaïev, qui a dirigé sans partage le Kazakhstan depuis son indépendance en 1991.

Noursoultan Nazarbaïev a annoncé sa démission à la surprise générale en mars, conservant toutefois des fonctions clé dans le système politique kazakh.

Kassym-Jomart Tokaïev a obtenu 70,13% des voix, selon les sondages réalisés à la sortie des urnes par l’institut « Opinion Publique ».

Son plus proche rival, Amirjan Kossanov, en a obtenu 15,39%, ce qui est le meilleur score jamais réalisé par un opposant dans une élection présidentielle kazakhe.

Le taux de participation s’est établi à 77,4%, selon la Commission électorale centrale.

Mais ce scrutin a surtout été marqué par d’importantes manifestations à travers le pays, les protestataires appelant au boycott d’une élection qu’ils estimaient jouée d’avance.

Dans les deux principales villes kazakhes, la capitale Nur-Sultan et Almaty, des journalistes de l’AFP ont été témoins de plusieurs centaines d’arrestations. Un correspondant de l’AFP a été conduit à un poste de police avant d’être libéré tandis qu’un reporter vidéo de l’AFP a vu ses équipements confisqués.

Au total, « environ 500 » personnes ont été conduites dans les commissariats des deux villes, selon les chiffres du vice-ministre de l’Intérieur Marat Kojaïev, qui en a rejeté la faute sur des « éléments radicaux » ayant organisé des « manifestations non autorisées ».

Deux journalistes de Radio Free Europe/Radio Liberty, un média financé par les Etats-Unis, ont notamment été brièvement détenus par la police à Almaty (sud) et Nur-Sultan, où un représentant de l’ONG Comité d’Helsinki a subi le même sort. Dimach Aljanov, un militant politique respecté, a également été arrêté et restait détenu dimanche soir.

« Honte ! Honte ! Honte ! » ou encore « La police de notre côté ! », criaient certains manifestants à Almaty avant que les forces de l’ordre ne dispersent le rassemblement.