Une affichette en turc indiquant «Les chiens sont autorisés, mais les Juifs jamais» placardée sur la vitrine d’un bistrot belge a indigné la communauté juive de Belgique qui est à présent révoltée d’apprendre que le parquet a classé la plainte déposée contre le cafetier.
Le parquet de Liège a classé sans suite la plainte contre un cafetier de Saint-Nicolas (Liège) qui avait collé sur la vitrine de son bistrot une affiche en français déclarant: «L’entrée est autorisée aux chiens mais aux sionistes en aucune façon!», ainsi qu’en turc: «Dans ce commerce, les chiens sont autorisés mais les Juifs en aucun cas!», raconte La Dernière heure.
Une allusion aux pancartes diffusées en Allemagne nazie: «Betreten für Hunde und Juden verboten» (Entrée interdite aux chiens et aux juifs).
«Le dossier a été classé sans suite. Je n’en sais pas plus», a confirmé au quotidien le porte-parole du parquet de Liège.Joël Rubinfeld, de la Ligue belge contre l’antisémitisme (LBCA), s’est dit «atterré, révolté». «Nous étions toujours en attente des suites pénales de ce dossier tout en nous étonnant de la lenteur», a-t-il indiqué à La Dernière heure.
«1.000 actes antisémites ont été recensés en Belgique depuis la résurgence de l’antisémitisme observé depuis septembre 2000. Dans ce nombre, ceux qui ont été traduits en justice et ont amené une condamnation par les tribunaux se comptent sur les doigts de la main. Le parquet du procureur du Roi a donc classé un acte antisémite si évident que tous les médias belges l’avaient rapporté et ceux d’à peu près toute la planète avaient repris», s’indigne M.Rubinfeld.
À l’époque des faits, le bourgmestre de Saint-Nicolas avait immédiatement fait intervenir la police dans ce café turc et fait retirer les affiches, et le ministre de la Justice s’était engagé à suivre le dossier, rappelle le journal.Le discours officiel, celui de la tolérance zéro, ne va pas plus loin que la parole, s’agace le président de la LBCA cité par La Dernière heure. «Dès qu’on sort du champ théorique pour entrer dans le champ pratique, c’est perdu. La lutte contre le racisme, s’agissant de l’antisémitisme, reste dans la pure rhétorique.»
Et d’ajouter: «Nous n’acceptons pas ce classement sans suite».
D’après M.Rubinfeld, il s’agit d’une «faillite», d’un «sérieux dysfonctionnement de la justice pas même capable d’amener un cas si flagrant devant les tribunaux», ajoute le quotidien belge.