Face aux tensions entre l’Iran et les États-Unis après le retrait de ces derniers de l’accord sur le nucléaire et le rétablissement des sanctions contre la République islamique, le ministre iranien des Affaires étrangères Mohammad Javad Zarif a déclaré que l’influence économique de Washington diminuerait notablement en abandonnant le dollar.
Intervenant lors d’une conférence à Téhéran dimanche 9 juin, le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a déclaré qu’une grande partie de l’influence économique états-uniens disparaîtrait si tous les pays abandonnaient le dollar comme base de leur commerce international.
«La puissance américaine repose sur le dollar. Une grande partie de sa puissance économique disparaîtra si les pays éliminent le dollar de leur système économique», a déclaré le ministre.
Il a affirmé que Washington tentait de renforcer la pression sur Téhéran «par désespoir» et a qualifié la guerre économique menée par les États-Unis de «terrorisme économique».
«Il s’agit, par définition, d’un terrorisme économique car les États-Unis exercent des pressions, par ce que leur Président appelle le conflit, sur les Iraniens ordinaires afin de changer les politiques de leur gouvernement», a-t-il déclaré aux journalistes en marge de l’événement.
Le ministre iranien n’est pas le seul haut responsable à avoir critiqué le dollar américain ces derniers jours. Vendredi 7 juin, Vladimir Poutine a déclaré qu’après être devenu la monnaie de réserve mondiale, le dollar s’est transformé en un «outil permettant au pays émetteur de faire pression sur le reste du monde».
«Les États qui prônaient les principes de libre-échange et de concurrence loyale et ouverte utilisent désormais la langue de la guerre commerciale et des sanctions; ils utilisent des attaques par raids économiques flagrants, l’intimidation et l’élimination des concurrents d’une façon qui n’a rien à voir avec les règles du marché», a-t-il déclaré lors du Forum économique de Saint-Pétersbourg.
Le ministre iranien a fait sa déclaration dans le contexte d’une nouvelle série de sanctions américaines sur le secteur pétrochimique de Téhéran, visant notamment le plus grand groupe du pays, Persian Gulf Petrochemical Industries Company.
L’administration américaine actuelle a intensifié ses pressions sur l’Iran depuis son retrait du Plan d’action conjoint sur le nucléaire iranien le 8 mai 2018 et a rétabli toutes les sanctions contre Téhéran.Le mois dernier, Washington a déployé un groupe aéronaval et une force opérationnelle de bombardiers dans le Golfe pour envoyer un «message clair et direct» à Téhéran. En outre, le Président Donald Trump a confirmé que le Pentagone déploierait 1.500 soldats supplémentaires dans la région.
Le 8 mai, exactement un an après le retrait unilatéral des États-Unis du Plan d’action, le ministère des Affaires étrangères de l’Iran a notifié les autres pays signataires (la Russie, la Chine, le Royaume-Uni, la France et l’Allemagne) qu’il suspendait partiellement ses engagements concernant la limitation des stocks d’uranium enrichi et l’utilisation d’eau lourde. Cette décision est entrée officiellement en vigueur ce 15 mai. De plus, l’Iran a exigé des participants au Plan d’action qu’ils mettent au point dans un délai de 60 jours une solution pour compenser les pertes financières et économiques engendrées par les sanctions américaines adoptées à l’initiative de l’administration Trump. Dans le cas contraire, Téhéran considérerait qu’il est exempt de respecter ses engagements, inscrits dans le Plan d’action, de suspendre la production d’uranium enrichi.