Migrants : six mois avec sursis requis contre le maire de Ouistreham

Six mois de prison avec sursis ont été requis mardi en correctionnelle à Caen contre le maire LR de Ouistreham (Calvados) accusé d’avoir indûment verbalisé des personnes qui aidaient les migrants. Le jugement sera rendu le 2 juillet, rapporte Le Figaro.

Selon l’édition, le maire de Ouistreham a fait un usage excessif de son pouvoir. Il n’y a pas d’usage sans frein de la police judiciaire dans un Etat de droit», a résumé la procureure de la République de Caen Carole Etienne. La magistrate a également demandé 10.000 d’amende contre l’élu de 34 ans, maire depuis 2014 de cette ville portuaire.

Selon l’enquête, Romain Bail a lui-même dressé 17 procès verbaux pour «stationnement très gênant» dans la rue où il habite, du 16 novembre 2017 au 25 mars 2018. Or «pour le chef de la police municipale, très clairement, le stationnement n’était pas dangereux», a souligné le président du tribunal Christophe Subts. Deux des personnes visées n’étaient pas à Ouistreham au moment des faits.

Lorsque la police judiciaire a signifié au maire sa mise en cause dans cette affaire, son épouse a demandé «quelles verbalisations?» et Romain Bail a répondu : «Tout cela est de la faute des négros, nous sommes dans un pays de merde, il ne faut pas être surpris de la montée du Front national», selon le rapport de la PJ lu par le tribunal. Pour une avocate d’une partie civile, Laurence Maunoury, le «seul objectif» de Romain Bail était, avec ses amendes de 135 euros, de dissuader ceux qu’il verbalisait d’aider les migrants. «M. Bail a relevé en catimini mon immatriculation», a accusé Nathalie Lepesqueur, d’Emmaus, une des parties civiles à la barre.

Le maire lui a assuré au tribunal n’avoir agi que parce que, selon lui, le stationnement de ces véhicules «pouvait constituer un danger» y compris pour leurs propriétaires et les migrants dans cette rue proche d’un rond-point très fréquenté. Sur les 17 PV dressés, seules trois personnes les ont contestés, a ajouté son avocat Emmanuel Pierrat. Quinze ont ensuite porté plainte. «Certains pensent qu’il faut se payer le maire de Ouistreham», a-t-il ajouté soulignant qu’un des plaignants était un opposant politique au maire. Selon le maire, le nombre de migrants à Ouistreham est monté à 320 en novembre 2017, chiffre que contestent les parties civiles, avant de redescendre à 40 à 60 en 2019.