Deux jours après la victoire du successeur de Nursultan Nazarbaïev à l’élection présidentielle, la contestation ne faiblit pas au Kazakhstan où des dizaines de manifestants protestant contre un vote qu’ils jugent truqué ont été arrêtés.
Nommé par Nazarbaïev pour lui succéder, Kassym-Jomart Tokaïev a été élu dimanche avec plus de 70 % des voix, selon des résultats provisoires publiés lundi. Nazarbaïev a démissionné en mars dernier de la présidence mais conserve d’importantes prérogatives, dont la direction du parti au pouvoir. La victoire sans surprise de Tokaïev a déclenché des rassemblements de plusieurs centaines de protestataires, certes faibles par leur ampleur mais rares dans cette ancienne république soviétique d’Asie centrale dirigée d’une main de fer pendant près de trente ans par Nazarbaïev.
Le ministère de l’Intérieur a annoncé mardi que la police avait arrêté environ 200 manifestants lundi, qui s’ajoutent aux 500 personnes interpellées la veille. Les rassemblements sont illégaux au Kazakhstan à moins d’avoir reçu le feu vert officiel des autorités. Une forte présence policière était visible mardi dans les rues d’Almaty, la plus grande ville du pays. Plusieurs véhicules de la garde nationale stationnaient près du principal point de rassemblement des deux derniers jours.
Pour les autorités, les manifestants sont manipulés par le Choix démocratique du Kazakhstan (DVK), un mouvement dirigé par le banquier et ancien ministre Moukhtar Abliazov, qui vit en France et s’en prend régulièrement à Nazarbaïev sur les réseaux sociaux. Mais un rassemblement organisé lundi soir semblait n’avoir que peu de rapports avec le DVK puisqu’il a été déclenché par l’arrestation dans la journée de Rinat Zaitov, un poète et musicien qui a annoncé la formation de son propre mouvement politique. Environ 200 partisans de Zaitov se sont rassemblés devant le commissariat de police pour exiger sa libération, qu’ils ont obtenue dans la nuit et célébrée en défilant dans les rues avant d’être dispersés brutalement et pour certains interpellés par les policiers.