Donald Trump et Joe Biden ne se croiseront pas mardi mais seront dans le même Etat, l’Iowa, où leur affrontement à distance aura comme un avant-goût d’un possible duel lors de la présidentielle de 2020.
« Il est le plus faible mentalement » des candidats en lice, a asséné, depuis les jardins de la Maison Blanche, le président américain, qualifiant son possible adversaire démocrate de « crétin ».
Très remonté, le milliardaire républicain a semblé mettre en cause la capacité à gouverner de l’ancien vice-président de Barack Obama. « Il a l’air différent, il se comporte différemment, il est même plus lent qu’avant. Je ne sais pas… », a-t-il lâché, dans une formulation pleine de sous-entendus.
« Les autres ont beaucoup plus d’énergie », a-t-il ajouté, dans une référence à la vingtaine d’autres hommes et femmes qui espèrent décrocher l’investiture démocrate.
Si les primaires démocrates sont très ouvertes, l’ancien sénateur reste, pour l’heure, le favori des sondages pour affronter le milliardaire républicain le 3 novembre 2020.
Or l’Iowa, Etat agricole du Midwest, oscille depuis un quart de siècle entre démocrates et républicains: il a été remporté par Donald Trump en 2016, par Barack Obama en 2012 et 2008, par George W. Bush en 2004, par Al Gore en 2000…
Depuis Council Bluffs, Donald Trump doit se poser en défenseur infatigable de la classe moyenne et mettre en avant ses talents revendiqués de négociateur en vantant le nouvel accord de libre-échange liant Etats-Unis, Canada et Mexique, négocié par ses équipes mais qui doit encore franchir l’obstacle du Congrès.
Depuis Ottumwa, Joe Biden a l’intention d’attaquer frontalement l’ancien homme d’affaires de New York sur sa politique économique, l’accusant d’avoir oublié les plus défavorisés, qui ont contribué à sa victoire-surprise de 2016, et d’être déconnecté de l’Amérique qui souffre.
« Combien de nuits sans sommeil Trump a-t-il eu en pensant à ce qu’il inflige aux agriculteurs américains ? », devait-il lancer, évoquant le prix de la guerre commerciale que le président américain a déclarée à Pékin. « La réponse est simple: zéro », devait-il ajouter, selon des extraits de son discours publiés à l’avance par son équipe.
« Facile de jouer les durs »
« Il joue à l’homme intraitable », devait-il encore dire. « Mais c’est facile de jouer les durs quand ce sont d’autres qui payent les pots cassés (…) Trump ne comprend pas les données de base » de l’économie.
« En tant que démocrates, nous disons souvent que Trump représente une menace pour ce pays. Mais que voulons-nous dire ? Je pense que Trump représente une menace existentielle pour l’Amérique ».
Depuis le lancement de la campagne, Joe Biden tente de se positionner au-dessus de la mêlée démocrate, comme le seul capable d’attirer le vote des cols bleus dans plusieurs Etats-clés remportés par Donald Trump en 2016.
Mais le vieux lion démocrate, omniprésent dans la vie politique américaine depuis plus de 40 ans, doit d’abord passer par la case des primaires. Et la route s’annonce difficile, comme l’a prouvé son récent volte-face sur le financement fédéral de l’avortement, qui l’a placé en difficulté face à ses jeunes rivaux.
Signe inquiétant: son avance dans l’Iowa – premier Etat à voter dans le long processus de la primaire démocrate – se réduit sur ses adversaires, selon un sondage Des Moines Register/Mediacom/CNN publié ce week-end.
Dans cette étude, il est crédité de 24 % des intentions de vote des électeurs de l’Iowa (contre plus de 30 % à l’échelle nationale), tandis que derrière lui trois candidats émergent nettement, au coude-à-coude: Bernie Sanders, Elizabeth Warren et Pete Buttigieg.