Le parquet de Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) a requis jeudi quatre mois de prison avec sursis pour outrage et violence envers un policier à l’encontre d’un bénévole britannique d’aide aux migrants à Calais, qui accuse en retour le fonctionnaire de violence et de faux témoignage.
Le 31 juillet 2018, une patrouille de la CRS 40 se rend sur un rond-point en contre-bas de la rocade de Calais, et demande aux migrants de partir pour que les services de la ville nettoient sous le pont.
Selon le procès verbal dressé par le brigadier-chef Laurent Mary, 52 ans, qui a ensuite déposé plainte, ils seraient rejoints par des bénévoles anglais «véhéments» à l’encontre des force de l’ordre. Tom Ciotkowski, 30 ans, l’aurait «repoussé fermement au niveau de la poitrine» et traité de «bitch-bastard», et dans un réflexe de défense, il le repousse. Le prévenu tombe alors à la renverse par dessus la glissière de sécurité, et aurait entraîné dans sa chute le policier, ce qu’ont affirmé également deux autres CRS de la même compagnie.
La version du CRS – absent à l’audience et non représenté – est contestée par la défense, soutenue par Amnesty international. Selon le prévenu, qui vit à Stratford-upon-Avon (Angleterre), il est descendu d’un fourgon de l’association Help Refugees quand il a vu d’autres bénévoles qu’il dit ne pas connaître contrôlés par des CRS. «Les CRS sont venus vers nous. L’un d’eux a donné un coup de pied à un bénévole, je filmais à distance et j’ai dit “c’est illégal” (…) je lui ai demandé son matricule, que j’ai lu à haute voix», a raconté le prévenu, employé municipal chargé du logement. «Il m’a repoussé en arrière et je suis tombé.»
Le tribunal a regardé les vidéos, produites par la défense, dont celle tournée par le prévenu où on l’entend dire «it’s illegal». Sur un autre extrait, on le voit tomber seul par dessus le parapet côté route, touché par un policier, au moment où passe un camion.
Le parquet a requis quatre mois de prison avec sursis, soulignant que les trois témoignages des policiers «qui ont prêté serment concordent». Le jugement sera rendu le 20 juin.
«Je suis sidérée et inquiète, quand il s’agit de policiers mis en cause, même face à l’évidence, des images et du son, le parquet refuse de tirer les conséquences», a déclaré Me Apolline Cagnat, plaidant la relaxe. Tom Ciotkowski a déposé plainte le 7 mai contre le brigadier-chef pour violence volontaires, faux en écriture publique et dénonciation calomnieuse, et faux contre les deux CRS, âgés de 28 et 42 ans.