Mediapart a enquêté sur l’étrange addiction de Sarkozy aux billets de 500 euros. Le média conclut que beaucoup de questions restent sans réponse. Cette pratique, consistant à retirer des espèces en grosses coupures, a été découverte par hasard en marge de l’affaire des financements libyens.
Il y a deux ans, en marge de l’affaire des financements libyens, policiers et magistrats ont découvert par hasard cette étrange habitude de Nicolas Sarkozy qui consistait à retirer des espèces en billets de 500 euros. L’opération a attiré l’attention de Mediapart suite à l’arrêt de la mise en circulation de ces billets par la Banque centrale européenne (BCE) début 2019.
Un pli au nom de l’ancien Président de la République contenant des billets de 500 euros a été trouvé lors d’une perquisition chez l’antiquaire parisien Christian Deydier, lié à l’ex-femme de Brice Hortefeux — ancien ministre sous la présidence de Nicolas Sarkozy — chez laquelle des dizaines de milliers d’euros avaient été découverts.
La destination des quatre billets de 500 euros restait non identifiée. L’ancien Président a alors expliqué l’utilisation de ces billets aux enquêteurs. Il a affirmé que le retrait à la banque de 2.000 euros en grosses coupures était à l’époque une pratique légale. L’opération était réalisée tous les mois par une des assistantes de l’ancien Président.
Quant à ces quatre billets de 500 euros, Nicolas Sarkozy les a justifiés par l’achat d’une statuette chinoise chez l’antiquaire susmentionné. La statuette est un prétendu cadeau à Michel Gaudin, son actuel chef de cabinet, préfet de police à l’époque.Mais Mediapart s’interroge sur le processus de cette affaire étrange. Selon les mots de Nicolas Sarkozy, il a avancé cet argent à l’Association de soutien à l’action de Nicolas Sarkozy (ASANS), qui à son tour voulait faire un cadeau à Michel Gaudin.
Cependant, Michel Gaudin a été nommé en 2012 membre du bureau de l’ASANS à un poste de trésorier, poste qu’il occupe toujours aujourd’hui. De plus, il est souligné que l’association a pour but de «défendre et promouvoir les idées de liberté, de solidarité, de justice et de réforme défendues par Nicolas Sarkozy», ce qui ne comprend pas les cadeaux à ses trésoriers.
Le média rapporte que Nicolas Sarkozy a été contacté à ce sujet et n’a pas souhaité faire de commentaire. Brice Hortefeux, président de l’ASANS, a dit être «informé de cette acquisition» et n’en a pas dit davantage. Michel Gaudin, quant à lui, n’a jamais répondu.
En 2016, la BCE a décidé de renoncer à l’impression des billets de 500 euros qui, selon elle, pourrait «faciliter les activités illicites». Surnommée «billet Ben Laden» (parce qu’elle provoque un vif débat mais n’est presque jamais vue), cette coupure est soupçonnée d’être utilisée pour le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme. La BCE a précisé sur son site que les billets de 500 euros demeureraient «légaux et pourront par conséquent continuer à être utilisés comme moyens de paiement».