Le Québec durcit sa politique de laïcité et d’immigration

L’Assemblée nationale de la province francophone a adopté, dimanche, deux projets de loi controversés soutenus par le nouveau gouvernement centriste : l’un prévoit l’interdiction des signes religieux pour certains fonctionnaires, l’autre engage une refonte du système d’immigration.

Après une journée de débats parfois acrimonieux, les députés ont adopté un texte sur la laïcité de l’État qui prévoit d’interdire le port de symboles religieux à plusieurs catégories de fonctionnaires en position d’autorité, dont les policiers, les juges, les avocats, les gardiens de prison et les enseignants. La nouvelle loi ne s’appliquera qu’aux nouvelles recrues, les fonctionnaires en poste bénéficiant d’un droit acquis.

Ce projet était le principal engagement de campagne du Premier ministre François Legault, dont le parti, la Coalition Avenir Québec (CAQ, centre droit), est majoritaire à l’Assemblée provinciale. Il est aux antipodes des positions multiculturalistes défendues par le Premier ministre libéral du Canada Justin Trudeau. « On donne des droits à tous les Québécois de recevoir des services publics laïques », a fait valoir le ministre québécois de l’Immigration et de la Diversité, Simon Jolin-Barrette. Le chef par intérim du parti libéral du Québec (opposition), Pierre Arcand, a, pour sa part, déploré « un autre jour triste pour le Québec. Le Québec sera l’unique endroit en Amérique du Nord où des gens se verront retirer des droits. »

Les élus québécois ont débattu tout le week-end dans le cadre d’une procédure parlementaire spéciale permettant de limiter le temps consacré au débat d’un projet de loi. La session parlementaire se terminait cette semaine et le gouvernement Legault voulait faire adopter ses deux projets-phares en procédure d’urgence, ce qui a provoqué la colère de l’opposition. Dimanche vers 4 heures (8 heures GMT), après une première séance-marathon de 19 heures, les élus avaient approuvé un projet de loi sur l’immigration, qui entraînera notamment l’abandon de 18 000 dossiers de candidature en attente de traitement.