A peine après avoir obtenu sa remise en liberté mercredi par la justice française, l’ancien chef de l’aile politique de l’organisation séparatiste basque ETA, Josu Ternera, a été de nouveau arrêté à Paris, cette fois en vertu d’une demande de remise de la justice espagnole.
Le leader indépendantiste, arrêté mi-mai en France après plus de 16 ans de cavale, a été « placé en rétention judiciaire » dans la soirée sur instruction du parquet général de Paris, destinataire de la demande espagnole, selon une source judiciaire. Dans les faits, Josu Ternera ne s’est jamais retrouvé à l’air libre: la police est venue le chercher dans l’enceinte de la prison.
Le parquet général doit désormais examiner la demande de ses homologues espagnols, qui veulent juger Josu Ternera pour son rôle présumé dans un attentat commis en 1987 contre une caserne de la garde civile à Saragosse, dans le nord de l’Espagne, qui avait fait 11 morts, dont cinq enfants.
Au terme de cette rétention, qui peut durer jusqu’à 48 heures, Josu Ternera devra être présenté au parquet général qui lui notifiera la demande de remise espagnole, puis la cour d’appel de Paris devra statuer sur son éventuelle détention provisoire dans l’attente d’un examen complet de cette procédure.
« Une très bonne nouvelle », s’est félicité le Collectif des victimes du terrorisme du Pays basque (Covite). « Nous sommes satisfaits de cette nouvelle arrestation », a salué l’Association espagnole des victimes du terrorisme (AVT).
Josu Ternera n’en a pas pour autant fini avec la justice française, qui doit encore examiner les recours qu’il a formés contre ses deux condamnations par défaut, quand il était en fuite: la première à cinq ans de prison, prononcée le 1er juin 2010 puis alourdie à sept ans en appel, et la deuxième à huit ans de prison, le 1er mai 2017. Une audience procédurale doit se tenir à ce sujet le 28 juin à Paris.
Mais, dans l’attente de ces nouveaux procès, la cour d’appel de Paris avait ordonné mercredi sa remise en liberté sous contrôle judiciaire.
Ses avocats Laure Heinich-Luijer et Laurent Pasquet Marinacce avaient plaidé devant la cour que son maintien en détention provisoire était « incompatible avec son état de santé ».
Selon les médias espagnols, l’ancien « etarra » de 68 ans souffrirait d’un cancer. Il avait été arrêté le 16 mai sur le parking d’un hôpital français dans les Alpes, où il se rendait pour être soigné.
Interrogée par l’AFP à l’audience, Consuelo Ordóñez, présidente du Covite, a exigé que M. Ternera soit extradé vers l’Espagne. « Nous le réclamons depuis 17 ans », a-t-elle rappelé.