Dans la tentative de comprendre la formation du Système solaire, en plus d’une sonde japonaise, un rover franco-allemand doit être envoyé vers la planète rouge en 2024 et ce pour étudier ses satellites naturels.
Des ingénieurs allemands et français créeront un rover qui sera envoyé dans l’espace en 2024 avec la sonde MMX japonaise et ce pour examiner les deux satellites naturels les plus mystérieux du Système solaire, Phobos et Déimos, informe le Centre allemand pour l’aéronautique et l’astronautique (DLR) sur son site Web.
«Nous serons les premiers à essayer d’envoyer un rover sur Phobos. Ce sera l’une des tâches techniques les plus complexes que nous tentons de résoudre conjointement avec nos partenaires français et japonais. Nous repousserons les frontières du possible et approfondirons notre vision de la formation du Système solaire», a déclaré Pascale Ehrenfreund, présidente du directoire du DLR.
Deux satellites évoluent autour de la planète rouge. Éloignés de Mars de 10.000 et 23.000 km respectivement, Phobos et Déimos font 22 et 12 km de diamètre. Plusieurs chercheurs estiment que ces deux satellites ne sont pas des planètes, mais d’anciens astéroïdes que Mars aurait capturés.
Fait curieux: Phobos s’approche de la planète rouge et dans quelque 20 à 40 millions d’années, il sera démoli et transformé en un énorme anneau de poussière. Quant à Déimos, lui, au contraire, s’éloigne pour s’«échapper» un jour.
Pour le moment, les scientifiques ont du mal à y trouver une explication. Récemment, certains d’entre eux ont suggéré qu’initialement Mars aurait possédé trois lunes, dont une serait déjà tombée sur sa surface.Toutes les tentatives d’apporter des réponses à ces questions se sont soldées par des échecs, avant tout car les sondes envoyées vers ces satellites tombaient en panne à l’approche de leur destination. Certains d’entre elles, dont la Phobos-Grunt russe, ne sont même pas parvenues à atteindre l’orbite martienne.
La prochaine tentative de percer l’énigme des deux lunes de Mars est fixée au mois de mars 2025, lorsque la sonde MMX, développée par des ingénieurs de l’Agence d’exploration aérospatiale japonaise (JAXA), s’approchera de la planète rouge pour essayer de mettre en œuvre le programme scientifique initialement programmé par son prédécesseur russe. Il s’agit notamment du prélèvement de 10 grammes de sol et de plusieurs évolutions autour de Déimos pour examiner en détail sa surface.
Or, au salon du Bourget, Pascale Ehrenfreund et ses collègues du CNES (Centre national d’études spatiales) et du JAXA ont signé un accord prévoyant l’envoi d’un rover avec la sonde japonaise. Deux ans de négociations ont précédé à sa conclusion.Dans le cadre de cet accord, ingénieurs et scientifiques allemands construiront le premier rover lunaire «martien», ainsi que certains de ses instruments, notamment un spectromètre et un radiomètre. Leurs homologues français développeront des appareils photo et d’autres instruments scientifiques, ainsi que l’électronique du rover.
Si la sonde japonaise n’est pas victime de la «malédiction martienne», les premiers échantillons prélevés sur les deux satellites naturels de Mars seront acheminés vers la Terre dès 2029.
Pour leur part, les données obtenues par le rover compléteront celles obtenues par la sonde et aideront à comprendre comment Phobos et Déimos se sont retrouvés sur l’orbite martienne. Comme le précise Mme Ehrenfreund, tout cela est extrêmement important pour comprendre le processus de formation du Système solaire.