« Pas d’armes nucléaires, pas de soutien au terrorisme ! »: Donald Trump a ainsi résumé lundi les exigences des Etats-Unis vis-à-vis de l’Iran, en plein regain de tension entre les deux ennemis et alors que Washington doit imposer de nouvelles sanctions contre Téhéran.
Le président américain a en outre appelé les pays importateurs de pétrole à protéger leurs propres cargaisons dans le détroit d’Ormuz, « un passage dangereux », en disant ne pas comprendre pourquoi les Etats-Unis le sécurisaient « pour d’autres pays sans la moindre compensation ».
Bien que la nature des nouvelles mesures américaines contre la République islamique n’ait pas encore été révélée, l’Iran a dit prendre « au sérieux toutes (nouvelles) sanctions », et les considérer comme « un acte hostile, conforme au terrorisme économique et à la guerre économique lancés contre notre nation ».
« Nous estimons qu’elles (les sanctions) n’auront aucun résultat », a déclaré le porte-parole des Affaires étrangères iranien, Abbas Moussavi.
Ce nouvel accès de fièvre entre Washington et Téhéran, qui n’ont plus de relations diplomatiques depuis 1980, a été provoqué par la destruction jeudi d’un drone américain par un missile iranien dans la région stratégique du Golfe.
Donald Trump, qui accuse l’Iran de chercher à se doter de l’arme nucléaire et d’être un « parrain du terrorisme », a dit avoir annulé in extremis des frappes de représailles, prévues vendredi, contre des cibles iraniennes. Il a affirmé samedi que des « sanctions supplémentaires majeures » contre l’Iran seraient annoncées lundi, sans autre précision.
Selon des sources diplomatiques, Washington, qui a lancé une campagne de « pression maximale » contre l’Iran, a demandé la tenue lundi d’une réunion à huis clos du Conseil de sécurité de l’ONU.
Alliée de l’Iran, la Russie a qualifié les sanctions promises d' »illégales ».
Pour Thierry Coville, spécialiste de l’Iran à l’Institut de relations internationales et stratégiques (Iris), pour l’administration Trump, c’est « la raison du plus fort est toujours la meilleure ».
« Qu’est-ce que les Américains peuvent faire de plus, en termes de sanctions? Il y a peu d’exemples dans l’histoire de pays qui aient été autant sanctionnés en si peu de temps », a-t-il estimé.
Donald Trump a envoyé son secrétaire d’Etat Mike Pompeo en Arabie saoudite, grand rival régional de l’Iran, pour évoquer la crise iranienne.
M. Pompeo, qui se rend aussi aux Emirats arabes unis, autre proche allié des Etats-Unis, a dit avoir discuté avec les dirigeants saoudiens de « la nécessité de promouvoir la sécurité maritime dans le détroit d’Ormuz », un point de passage clé pour le commerce mondial de pétrole situé dans la zone où l’Iran a abattu le drone américain et où des attaques ont ciblé des pétroliers ces dernières semaines.
M. Trump a souligné lundi que la protection de voies de navigation dans le Golfe n’était pas pour lui une priorité.
« Nous n’avons même pas besoin d’être sur place dans la mesure où les Etats-Unis sont désormais (de loin) le premier producteur d’énergie au monde! », a-t-il avancé, en appelant les autres pays importateurs de pétrole à monter en première ligne.
« 91% des importations chinoises de pétrole passent par le détroit d’Ormuz, 62% pour le Japon, et c’est pareil pour nombre d’autres pays », a dit le milliardaire républicain. « Pourquoi protégeons-nous ces voies de navigation (depuis de longues années) pour d’autres pays sans la moindre compensation? ».
« Tous ces pays devraient protéger leurs propres navires dans ce qui a toujours été un passage dangereux », a-t-il encore tweeté.
Selon des médias américains, M. Trump a autorisé secrètement des cyberattaques contre des systèmes de lancement de missiles et un réseau d’espionnage iraniens, en riposte à la destruction du drone américain.
Le ministre iranien des Télécommunications, Mohammad Javad Azari-Jahromi, a affirmé que son pays n’avait subi aucun dégât après ces « présumées cyberattaques » des Etats-Unis. « Cela fait longtemps que nous faisons face au cyberterrorisme » des Etats-Unis mais à ce jour « aucune de leurs attaques n’a réussi ».
L’administration Trump s’est retirée en mai 2018 de l’accord nucléaire censé limiter les activités sensibles de l’Iran, et considéré par les Européens, les Russes et les Chinois -toujours parties à l’accord- comme le meilleur moyen de s’assurer que l’Iran n’aura pas la bombe.
Les Etats-Unis ont ensuite rétabli à partir d’août 2018 une série de sanctions économiques contre Téhéran dans le cadre d’une campagne de « pression maximale » contre l’Iran, accusé également de déstabiliser la région.
De nouvelles frictions sont à prévoir avec l’annonce par l’Iran que ses réserves d’uranium enrichi dépasseront à partir du 27 juin la limite prévue par l’accord nucléaire.