«L’opération burkini» de Grenoble a été commentée par la ministre Marlène Schiappa

«L’opération burkini» de Grenoble a été commentée par la ministre Marlène Schiappa interrogée par Le Dauphiné libéré, deux jours après l’incident. Elle estime nécessaire de respecter des «règles d’hygiène et sécurité» tout en appelant au droit des femmes de pouvoir accéder aux piscines municipales «quels que soient leurs religions».

Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les hommes et les femmes, a attendu deux jours avant de s’exprimer sur la deuxième «opération burkini» survenue le 23 juin dans une piscine municipale à Grenoble, à l’initiative du collectif Alliance Citoyenne.

Dans une interview accordée au quotidien grenoblois Le Dauphiné libéré, la femme politique a commenté l’affaire, se référant dans un premier temps aux règles d’hygiène et de sécurité:

«Premièrement, il y a des règles d’hygiène et de sécurité dans les piscines publiques. En général, elles sont communes et basées sur le bon sens et elles permettent de respecter l’hygiène de l’environnement, de l’eau et de chaque autre personne qui se baigne. C’est pour cette raison, par exemple, que, dans la plupart des piscines, les hommes n’ont pas le droit de venir en bermuda long et parfois même en short».

Elle a souligné que ces règles, qui relèvent de la citoyenneté, prédominaient les prescriptions religieuses:

«Ces règles d’hygiène et de sécurité s’appliquent à tout le monde, indifféremment. La religion ne peut pas être une dérogation aux règles d’hygiène et de sécurité. Ça c’est pour le cas général».

En effet, le guide du ministère des Sports «Laïcité et fait religieux dans le champ du sport» publié en mai 2019 indique qu’il n’«existe pas de législation restrictive quant au port d’une tenue qui s’apparenterait à un motif religieux» et qu’«aucune disposition législative ou réglementaire ne traite spécifiquement des tenues vestimentaires». Néanmoins, c’est aux établissements municipaux de décider «des règles sanitaires, de sécurité et de surveillance».

La secrétaire d’État a dénié l’idée «qu’il y a des millions de femmes en France qui souhaitent se baigner en burkini, c’est faux». Avançant l’argument qu’il ne s’agit que d’une «très petite minorité qui multiplie des actions coup-de-poing, de communication», elle a précisé que ces actions avaient pour objectif d’«attirer l’attention et faire comme si c’était une demande globale, ce qui n’est pas le cas».

Cependant, la liberté des femmes implique le droit de se baigner, quelle que soit la tenue portée, même en burkini, selon Marlène Schiappa. Mais «quand on vient à des dizaines de femmes en burkini, il y a un message politique derrière», celui de «couvrez-vous» qui «vise à créer une nouvelle norme».

Déplorant qu’il «est parfois difficile pour certaines femmes de simplement sortir dans la rue en tenue d’été, en débardeur ou en robe courte», elle a conclu que «c’est un combat culturel qui est à mener».

M.Schiappa a souhaité que le débat n’aboutisse pas à des discriminations, rappelant les droits des femmes à avoir accès aux piscines municipales «quels que soient leurs religions ou leurs modes de vie».

Auparavant, sept femmes accompagnées de militants associatifs ont pénétré le 23 juin dans une piscine municipale du centre-ville de Grenoble pour se baigner, en dépit de l’intervention de vigiles et de la direction de l’établissement. Elles estiment n’enfreindre aucune règle d’hygiène ou de sécurité et expliquent agir «sans aucune conviction religieuse», mais pour défendre la «liberté de toutes les femmes».