Des heures de discussions sur la nécessité d’écarter les intérêts des grands groupes énergétiques lors de discussions sur le climat à l’ONU ont été «effacées» des conclusions officielles à Bonn, ont indiqué jeudi des observateurs à l’AFP.
Des délégations du monde entier se sont retrouvées à Bonn pendant dix jours, jusqu’à jeudi, pour préparer la conférence annuelle de l’ONU sur le climat (COP) qui se tiendra cette année en décembre au Chili. Les COP, organisées sous l’égide de l’ONU, réunissent représentants des États signataires, ONG, scientifiques, responsables politiques, industriels, pour discuter des mesures à prendre pour lutter contre le changement climatique et ses menaces. Des représentants des compagnies pétrolières et gazières ou d’associations professionnelles ont la possibilité d’y assister, tout comme aux sessions de négociations intermédiaires, en tant qu’observateurs. Ils arguent du fait que leur présence est indispensable, alors que le secteur privé devra prendre sa part dans la lutte contre le réchauffement climatique, un argument qui ne convainc pas tout le monde, alors que la réduction des émissions à effet de serre va contre des intérêts de cette industrie.
Contrairement à d’autres processus onusiens, comme la convention-cadre de l’OMS pour la lutte anti-tabac (FCTC), la Convention climat de l’ONU (CCNUCC) n’a prévu aucune régulation visant à se protéger des conflits d’intérêts. Cinq sessions ont eu lieu à Bonn sur la façon d’augmenter la transparence lors des négociations, dont trois au cours desquelles des délégations ont soulevé la question des conflits d’intérêts, selon des observateurs présents.
Le groupe des pays les moins avancés, mené par l’Ouganda, a proposé un texte pour lutter contre les conflits d’intérêts, ont indiqué des observateurs à l’AFP. Mais la proposition finale présentée jeudi ne fait pas mention du conflit d’intérêt ou des discussions sur le sujet. «Malgré le soutien de près de 50 pays et groupes environnementaux à travers le monde (…) l’obstruction menée principalement par les Etats-Unis et l’Australie a bloqué la mise en place d’une politique sur les conflits d’intérêt», a déploré Philip Jakpor, d’Environmental Rights Action, ce qui a conduit à «effacer» toute mention du sujet. L’Union européenne a soutenu la position américaine, selon des observateurs. Pour Jesse Bragg, de l’ONG Corporate Accountability, l’écart entre les discussions et les conclusions sont un bon exemple du problème : «comment espérer répondre correctement à la crise (climatique) si une simple discussion sur le rôle de l’industrie des combustibles est censurée?»