Des photos avec Bolsonaro, des blagues avec Poutine, louanges aux « magnifiques » usines japonaises et à la « fantastique » Merkel … Le G20 s’est ouvert vendredi avec un Donald Trump soudain cordial, mais sans réel progrès sur les dossiers les plus conflictuels, dont le climat.
Le Premier ministre nippon Shinzo Abe a voulu placer les débats dans la grande ville côtière japonaise d’Osaka sous le signe d’une « belle harmonie », en référence à la signification de « Reiwa », nom de la nouvelle ère entamée voici peu dans l’archipel.
Donald Trump a semblé jouer le jeu, multipliant les amabilités.
« Rien ne presse »
Il a par exemple vanté les « magnifiques usines » construites par les fabricants automobiles japonais aux Etats-Unis, dit vouloir « bien s’entendre » avec l’Inde, et évoqué une « fantastique » Angela Merkel. Cela alors qu’il avait étrillé ces derniers jours ces alliés traditionnels, régulièrement accusés de mauvaise volonté en matière de commerce et dépenses militaires.
Sur l’Iran, l’un des grands sujets de crispation du moment, Donald Trump s’est aussi voulu apaisant. « Rien ne presse, nous avons le temps » de résoudre les tensions, a-t-il dit, lui qui parlait encore il y a peu de « guerre » contre les Iraniens.
Le président s’est montré particulièrement amical avec deux grands protagonistes de ce dossier.
Trump, Poutine, MBS
Avant la traditionnelle photo de famille du G20, il est arrivé en grande conversation avec le Russe Vladimir Poutine, qui cherche à calmer le jeu en Iran, et lui a tapoté le dos.
Puis Donald Trump a eu un échange cordial avec le prince héritier Mohammed Ben Salmane, partisan au contraire de la stratégie américaine de pression sur Téhéran.
En réunion bilatérale avec le président russe, avec qui il a de « très bonnes relations », Donald Trump a même blagué sur les craintes de tentative d’ingérence russe autour des prochaines élections présidentielles américaines, en 2020.
« Pas d’ingérence dans les élections, président, pas d’ingérence », a-t-il lancé, ironique, en se tournant vers son homologue, après avoir été interpellé sur ce sujet par un journaliste.
Donald Trump a aussi posé tout sourire et pouce levé avec l’un de ses grands partisans, le président Jair Bolsonaro, qui s’est empressé de diffuser la photo sur Twitter.
« Productive »
Voilà pour les démonstrations d’affection. Sur le sujet le plus brûlant de ce G20, Donald Trump a dit vendredi s’attendre à une rencontre « productive » samedi avec son homologue chinois Xi Jinping.
Lors de ce véritable sommet dans le sommet, les deux dirigeants tenteront d’enrayer l’escalade commerciale et technologique entre leurs pays, qui met en péril la croissance mondiale.
Washington menace de taxer la totalité des importations chinoises, ce qui serait certainement un point de non-retour entre les deux géants. La Chine dénonce elle un « harcèlement » américain.
Nombre d’analystes espèrent malgré tout une trêve à Osaka, même si un grand accord commercial semble à l’heure actuelle illusoire.
Personne ou presque ne croit en revanche à une accalmie autour du climat, sujet de tension récurrent au G20 depuis que l’administration Trump a décidé de quitter l’accord de Paris.
Défections sur le climat ?
Le climat « est le sujet le plus difficile » du sommet, souligne-t-on dans l’entourage du président français Emmanuel Macron.
« Les Américains tiennent un langage très dur autour de la table » pour « essayer de rallier d’autres pays » et « dégrader le langage du communiqué » final du G20 qui sera publié samedi.
Ils pourraient à Osaka entraîner avec eux « trois ou quatre pays », redoutent les Français. Le Brésil, la Turquie et l’Arabie Saoudite sont les noms qui reviennent le plus souvent.
Les chefs d’Etat et de gouvernement ont également des divergences profondes sur la conception même du pouvoir politique.
Les progressistes « ne peuvent simplement pas dicter ce qu’ils veulent comme ils l’ont fait ces dernières décennies », a lancé Vladimir Poutine dans un entretien au Financial Times paru vendredi, saluant la politique dure de Donald Trump sur l’immigration illégale. Cette idée de progressisme « est devenue obsolète », a-t-il estimé.
Ce sont « l’autoritarisme, le culte de la personnalité et la loi des oligarques qui sont réellement obsolètes », a rétorqué le président du Conseil européen Donald Tusk.