Donald Trump avait un goût un peu amer de sa dernière tentative d’assaut sur la zone démilitarisée. En novembre 2017, son hélicoptère avait dû rebrousser chemin à la dernière minute, du fait d’un brouillard à couper au couteau nappant la frontière la plus militarisée du monde, qui déchire toujours les deux Corées.
Deux ans après, le président américain a enfin visité le « lieu le plus effrayant du monde », selon la formule-choc de Bill Clinton, mais il a fait mieux que ses illustres prédécesseurs démocrates, dont Barack Obama. En serrant la main du « leader suprême » Kim Jong-un, puis en devenant le premier hôte de la Maison-Blanche en exercice à fouler le sol de l’ennemi nord-coréen, l’ancien metteur en scène de télé-réalité espère une nouvelle fois écrire l’Histoire, devant les caméras du monde entier.
Les symboles comptent, en particulier à Panmunjom, dernier reliquat de la guerre froide, où fut conclu en 1953 le fragile armistice mettant fin à une guerre de Corée qui fit trois millions de morts. Il en faut beaucoup pour surmonter des décennies de méfiance, vis-à-vis d’un régime autarcique ultra nationaliste, qui a fait de l’Amérique son ennemi mortel. Mais il faudra aussi de la substance pour sortir de l’impasse nucléaire dans lequel Washington et Pyongyang sont enlisés depuis le début du siècle, et que les sommets de Singapour et Hanoï n’ont pu résoudre. Le fossé reste béant entre les deux parties, qui ne sont même pas d’accord sur la définition de la « dénucléarisation », comme le confirmait récemment Stephen Biegun, le négociateur américain en charge du dossier.