La capitaine du Sea-Watch comparaît devant les juges italiens

Carola Rackete, la capitaine du navire humanitaire Sea-Watch arrêtée pour avoir accosté de force à Lampedusa afin de débarquer 40 migrants secourus deux semaines plus tôt, doit être présentée ce lundi après-midi à un juge à Agrigente (Sicile).

Placée aux arrêts domiciliaires à Lampedusa ce weekend, la jeune Allemande de 31 ans a été escortée lundi matin vers Agrigente, le chef-lieu dont dépend la petite île italienne.

Elle doit être présentée vers 15h30 à un juge chargé de valider son arrestation. Selon les médias italiens, elle pourrait être remise en liberté, dans la mesure où le parquet ne semble pas chercher à ce qu’elle soit maintenue en détention dans l’attente de son procès. Dans ce cas, elle devrait être rapidement expulsée. Le ministre italien de l’Intérieur, Matteo Salvini, avait assuré samedi avoir déjà signé un décret d’expulsion dans cette éventualité.

Carola Rackete a été arrêtée et risque jusqu’à 10 ans de prison pour «résistance à un navire de guerre» après avoir obligé une vedette de la police chargée de l’empêcher d’accoster à s’éloigner sous peine d’être écrasée contre le quai dans la nuit de vendredi à samedi. Elle fait également l’objet d’une enquête pour aide à l’immigration clandestine et pour avoir forcé mercredi le blocus des eaux territoriales italiennes imposé par Matteo Salvini (extrême droite), en vertu d’un décret-loi entré en vigueur mi-juin pour lutter contre les navires d’ONG qu’il accuse d’êtres complices des passeurs.

Dans un communiqué, Sea-Watch a défendu la manœuvre de sa capitaine, accusant les policiers d’avoir provoqué l’incident en se glissant volontairement entre le bateau et le quai. «La capitaine Rackete a réalisé toutes les manœuvres très lentement, sans intention de confrontation, pour donner à la vedette de la police tout le temps pour s’éloigner», a assuré l’ONG, accusant la police d’«obstruction».

La nuit de l’incident, un policier sur la vedette avait expliqué à des journalistes avoir reçu l’ordre de rester le long du quai pour empêcher l’accostage. «Si on était restés sur le chemin, (le Sea-Watch) aurait détruit la vedette», avait-il déclaré, alors que Matteo Salvini parlait d’un «acte de guerre». Les deux embarcations «se sont à peine touchées», a insisté Sea-Watch de son côté.

Si les critiques sont vives en Italie envers la jeune femme, un vaste mouvement de soutien dans la péninsule, en Allemagne et à travers l’Europe a aussi permis de récolter déjà plus de 1,16 million d’euros en quelques jours, sans compter les dons directs sur le site de l’ONG allemande.