Sommet UE : faibles chances d’accord sur les postes clés malgré une nuit blanche

Les chances de parvenir à un accord sur la répartition des postes de pouvoir dans l’UE étaient jugées très faibles lundi malgré une nuit de difficiles tractations pour les dirigeants européens et l’hypothèse d’un nouveau sommet était évoquée par de nombreuses délégations.

Après une nuit blanche et malgré près de 14 heures de négociations, « les chances de parvenir à un accord sont ténues », a confié lundi matin un responsable européen sous couvert de l’anonymat.

Les discussions ont repris à 28 peu après 08H00 (06H00 GMT) mais « les positions n’ont pas beaucoup changé au cours de la nuit », a confié une source du gouvernement espagnol.

Plusieurs dirigeants membres du Parti Populaire Européen (PPE-droite) bloquent la proposition d’accord avancée par le président du Conseil européen, le Polonais Donald Tusk, a affirmé le responsable européen.

L’accord en discussions prévoit la désignation du social-démocrate néerlandais Frans Timmermans à la présidence de la Commission européenne, mais il achoppe sur les deux autres fonctions: la présidence du Conseil et le chef de la diplomatie, a indiqué à l’AFP un des négociateurs.

L’objectif est d’avoir un accord sur les quatre fonctions relevant des chefs d’Etat et de gouvernement, ce qui inclut la présidence de la Banque centrale européenne, a-t-il précisé.

Le président français Emmanuel Macron a exigé la désignation de deux femmes et un équilibre géographique impliquant l’attribution de l’un des postes à une personnalité de l’Est de l’Europe.

« Ce sommet a été très mal préparé », a lâché un diplomate européen.

« Il y a un certain manque de leadership », a déploré un autre diplomate.

Le sommet avait commencé dimanche soir avec trois heures de retard. Il a été suspendu vers 23h30 pour permettre à M. Tusk de mener des consultations bilatérales avec chacun des dirigeants. Elles ont duré toute la nuit.

A son arrivée au sommet, la chancelière allemande Angela Merkel avait annoncé s’attendre à une réunion difficile.

Premier parti politique au Conseil et au Parlement européen, le PPE a vu son candidat, l’Allemand Manfred Weber, recalé lors du précédent sommet le 20 juin.

Il a accepté de soutenir la nomination du candidat de la famille sociale-démocrate, le Néerlandais Frans Timmermans, à condition d’obtenir la présidence du Parlement européen pour Manfred Weber et celle du Conseil pour un autre membre du PPE.

Les sociaux-démocrates, deuxième force politique au Conseil et au Parlement, soutiennent cette revendication. Mais les Libéraux réclament aussi la présidence du Conseil.

Donald Tusk a cherché à sortir de cette impasse avec ses consultations menées sous forme de « confessionnal » avec chacun des dirigeants.

La droite tient la clé de ces nominations. Aucune solution ne peut être avalisée sans le soutien de cette famille politique, car aucune majorité n’est possible sans les votes de son groupe au Parlement européen

La plupart des dirigeants « peuvent vivre » avec l’accord Timmermans-Weber et les discussions portent sur les autres postes, a indiqué à l’AFP un négociateur aux premières heures de la journée de lundi.

« C’est compliqué pour la présidence du Conseil », a-t-il ajouté. Deux personnalités libérales sont citées pour le poste: la Danoise Margrethe Vestager et le Belge Charles Michel. Le PPE a avancé le nom du président roumain Klaus Iohannis.

La France pourrait demander la présidence de la BCE, selon cette même source. Plusieurs candidates sont citées, dont Danièle Nouy, présidente du conseil de supervision au sein de la Banque centrale européenne.

Un nouveau sommet sera peut être nécessaire pour boucler un accord. La date du 15 juillet est évoquée, elle correspond à la deuxième session du Parlement issu des élections de mai.

L’Assemblée doit impérativement élire son nouveau président lors de sa session inaugurale mercredi.

« Nous élirons notre président le 3 juillet quel que soit le résultat » du sommet, a affirmé dimanche le président sortant, l’Italien Antonio Tajani, membre du PPE.

Si un accord est trouvé lundi par les chefs d’Etat et de gouvernement, le Parlement pourra se prononcer sur leur candidat lors de sa seconde session du 15 au 18 juillet. Il lui faudra obtenir au moins 376 voix pour être élu.

A l’issue de ce troisième sommet sur les postes clés, l’accord pourrait se limiter à la seule présidence de la Commission, comme en 2014. A l’époque, un sommet extraordinaire avait été convoqué fin août pour nommer le président du conseil et le chef de la diplomatie.

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