La contestation a fait démissioner le président de l’Assemblée algérienne

Le président de l’Assemblée populaire nationale (APN), Mouad Bouchareb, l’une des cibles de la contestation dont l’Algérie est le théâtre depuis février, a démissionné mardi, a-t-on appris auprès d’un responsable parlementaire.

« Mouad Bouchareb a démissionné ce matin de son poste de président de la chambre basse », a dit à l’AFP Abdelhamid Si Affif, président de la commission des Affaires étrangères.

« Le bureau de l’APN s’est réuni et a déclaré la vacance du poste », a ajouté M. Si Affif. Selon lui, la commission juridique de l’Assemblée devra encore élaborer un « rapport de vacance du poste » qu’elle soumettra en session plénière, chargée de l’entériner, le tout « dans un délai de 15 jours ».

Aucun motif officiel n’a été fourni sur cette démission.

Bien qu’occupant une fonction moins exposée, M. Bouchareb faisait partie, avec le chef de l’Etat par intérim Abdelkader Bensalah, le Premier ministre Noureddine Bedoui et l’ex-président du Conseil constitutionnel Tayeb Belaiz, des « 4B » dont les contestataires ont réclamé le départ après la démission le 2 avril, sous pression de la rue et de l’armée, du chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika.

Ancien chef du groupe parlementaire du Front de libération nationale (FLN, majoritaire) Mouad Bouchareb, 47 ans, avait été élu fin octobre 2018 après un coup de force envers son prédécesseur Said Bouhadja, lui aussi membre du FLN.

A la suite de sa démission, la séance de clôture de la session parlementaire de la chambre basse, prévue mardi, a été annulée, a constaté un journaliste de l’AFP.

Ce développement intervient dans un contexte particulièrement troublé en Algérie, où les manifestations pour le départ de l’ensemble du système au pouvoir ne faiblissent pas.

La présidentielle prévue le 4 juillet pour élire un successeur à M. Bouteflika a été annulée sine die faute de candidats et, en vertu de la Constitution, la période d’intérim au poste de chef de l’Etat de M. Bensalah est censée prendre fin le 9 juillet.

Des centaines d’étudiants et enseignants ont de nouveau manifesté ce mardi, pour la 19e semaine d’affilée, contre le régime, réclamant particulièrement la libération des « détenus politiques ».

De nombreux slogans ont de nouveau visé le général Ahmed Gaïd Salah, devenu de facto l’homme fort du pays, qui refuse les revendications du mouvement de contestation. La principale d’entre elles est la mise en place d’instances de transition débarrassées de tous les fidèles d’Abdelaziz Bouteflika et qui seraient chargées de réformer le pays avant la tenue d’une présidentielle.