Soulagée, mais loin de se senrit triomphante… C’était la réaction d’Angele Merkel quand elle a salué hier soir la candidature de sa ministre de la Défense Ursula von der Leyen à la présidence de la Commission européenne.
Elle est même un peu hésitante comme si elle avait besoin de justifier ce choix-surprise. La chancelière allemande aurait pourtant de quoi jubiler. Si le Parlement européenvote pour sa candidate à la mi-juillet, Angela Merkel aura réglé plusieurs problèmes à la fois. Premièrement : elle aura débloqué la situation et permis à l’UE de se mettre d’accord sur une candidate après des semaines d’âpres tractations et d’éclatants désaccords. Deuxièmement : elle aura obtenu que, pour la première fois depuis Walter Hallstein qui, de 1958 à 1967, fut le premier président de la Commission européenne, ce poste capital soit attribué à l’Allemagne. Troisièmement : elle aura placé à ce poste une de ses fidèles. Ursula von der Leyen, chrétienne-démocrate elle aussi, est la seule ministre à avoir fait partie de tous les gouvernements Merkel depuis 2005. Elle fut tour à tour ministre de la Famille, du Travail et de la Défense. Autant de raisons pour la chancelière de se montrer radieuse devant les caméras. Mais elle sait que ce coup de théâtre franco-allemand de dernière minute va déclencher les foudres dans son pays. Et elle n’a pas tort.
La tempête ne s’est pas fait attendre. Dès que le nom d’Ursula von der Leyen est dévoilé, les critiques se mettent à pleuvoir. « On ne peut pas présenter certains candidats aux élections et tout de suite après en tirer d’autres de son chapeau », résume un député du petit parti libéral. De tous les côtés, on dénonce cette « politique de l’arrière chambre », cette « partie de poker indigne de la démocratie » et ce coup porté à la « légitimité démocratique des institutions européennes ».