La disparition du Traité sur les missiles à portée intermédiaire placerait l’Europe au seuil d’une guerre nucléaire, puisque les pays où ces missiles peuvent être déployés et qui seront visés par de tels missiles sont tous en Europe, a expliqué Marc Finaud, spécialiste en prolifération au Centre de politique de sécurité de Genève.
Le seuil de guerre nucléaire en Europe sera abaissé à un niveau critique si les États-Unis et la Russie ne parviennent pas à sauver le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI) ou à conclure de nouveaux accords sur le contrôle de ces armes et d’autres types d’armements, a déclaré Marc Finaud, spécialiste des questions de prolifération au Centre de politique de sécurité de Genève (GCSP) et ancien diplomate français.
«Si le FNI n’est pas prorogé où remplacé par un accord similaire ou encore plus ambitieux et surtout si on redéploie des missiles à portée intermédiaire, le seuil de la guerre nucléaire en Europe sera dangereusement abaissé», a indiqué M.Finaud.
En quoi l’Europe est-elle concernée?
Selon l’expert, même si l’accord de 1987 a été signé par l’Union soviétique et les États-Unis, «les pays où ces missiles ont été déployés ou qui seraient visés par de tels missiles se trouvent en Europe». Cet accord contribuait donc à la stabilité stratégique entre deux grandes puissances nucléaires, mais aussi à la sécurité des Européens, a-t-il relevé.Le fait que ce traité historique qui élimine toute une gamme de missiles soit actuellement sur le point de disparaître est «extrêmement regrettable», selon M.Finaud, parce qu’il existe «un risque sérieux» que des missiles interdits par cet accord puissent réapparaître.
Un autre facteur dangereux
Le risque sera encore plus grand si le Traité de réduction des arsenaux nucléaires stratégiques (New START), expirant en 2021, n’est pas prolongé ou remplacé: le contrôle des armements cédera la place à une nouvelle course aux armements, à son avis.
L’expert a émis des doutes quant à la disposition des pays européens membres de l’Otan d’accueillir de nouveaux missiles américains et de devenir ainsi des cibles désignées. Selon M.Finaud, les pays européens ont intérêt à jouer un rôle actif et constructif pour faire avancer les négociations américano-russes sur tous les aspects du contrôle des armements.
Le Traité FNI sur le point de disparaître
Le 2 juillet, Vladimir Poutine a signé une loi suspendant la participation de la Russie au Traité FNI, cinq mois après l’annonce par Washington de son retrait unilatéral de cet accord. Washington avait annoncé son retrait unilatéral du Traité le 1er février 2019, affirmant que Moscou violait cet accord.
Le ministère russe des Affaires étrangères a alors accusé les États-Unis de tester des systèmes interdits par le traité en question, ainsi que de déployer des systèmes de lancement Aegis sous la forme de l’ABM sur le territoire européen, qui peuvent en quelques heures se transformer d’un mécanisme défensif en arme d’attaque.Signé en 1987 à Washington par Ronald Reagan et Mikhaïl Gorbatchev, le Traité sur les forces nucléaires à portée intermédiaire (FNI/INF) est entré en vigueur le 1er juin 1988, sans limitation de durée. Le traité concerne l’élimination de tous les missiles de croisière et missiles balistiques américains et soviétiques lancés depuis le sol et ayant une portée se situant entre 500 et 5.500 km. Il est le premier traité à avoir éliminé totalement une catégorie d’armement.