Le gouvernement tunisien a décidé vendredi 5 juillet d’interdire « pour des raisons de sécurité » le port du niqab dans les institutions publiques, signe du climat sécuritaire tendu dans le pays, une semaine après un double attentat suicide meurtrier perpétré à Tunis.
La circulaire signée par le Premier ministre Youssef Chahed et adressée aux ministres, aux secrétaires d’État, aux préfets et aux responsables des institutions publiques, indique que « dans le cadre de la préservation de la sûreté publique (…), il faut prendre les mesures nécessaires pour interdire l’entrée aux locaux des institutions publiques (…) à toute personne ayant le visage couvert ».
Le texte ne précise pas quand la décision entrera en vigueur, ni si elle est provisoire.
Cette décision intervient dans un climat sécuritaire tendu à la suite notamment d’un double attentat suicide perpétré le 27 juin à Tunis et visant la police. Revendiqué par l’organisation État islamique, celui-ci a fait deux morts, un policier et un civil, et sept blessés.
Des rumeurs avaient circulé sur les réseaux sociaux sur le fait qu’un homme présenté par les autorités comme le « cerveau » du double attentat, et qui a déclenché une ceinture explosive mardi alors qu’il était pourchassé par la police, s’était caché sous un niqab. Cela a ensuite été démenti par le ministère de l’Intérieur.
La Ligue tunisienne des droits de l’Homme (LTDH) a appelé à ce que cette interdiction reste « temporaire ».
Le port du niqab fait l’objet d’un vif débat entre militants politiques séculiers et islamistes notamment.
Cette tenue n’était pas tolérée sous le régime du président déchu Zine el-Abidine Ben Ali, qui réprimait sans pitié toutes les formes d’islamisme, mais elle a connu un certain essor depuis la révolution de janvier 2011.