Une exhortation à « la rue » pour l’un, un appel à l’armée pour l’autre: la Fête nationale vénézuélienne a été pour Juan Guaido l’occasion de tenter de regalvaniser ses sympathisants et pour Nicolas Maduro, une tribune pour vanter son « attachement » à l’armée.
« Ne vous rendez pas! Nous allons y arriver! N’ayez aucun doute, nous allons réussir », a lancé Juan Guaido à des sympathisants venus manifester contre le président socialiste, à l’occasion de l’anniversaire de la Déclaration d’indépendance de 1811.
Mais, s’ils étaient quelques milliers à manifester contre le « dictateur » Nicolas Maduro vendredi, ils étaient bien plus nombreux dans les rues de la capitale en début d’année à soutenir Juan Guaido, juste après que celui-ci se soit autoproclamé président par intérim.
Face à cette affluence en baisse, l’opposant de centre droit a demandé à ses partisans d’avoir « confiance » dans ses efforts pour déloger Nicolas Maduro du pouvoir. « S’il y a des doutes? Oui, il y en a. C’est naturel (…), nous écoutons et acceptons les critiques, mais je vous demande d’avoir confiance en nous », a-t-il dit, juché sur une camionnette.
« Nous allons continuer à occuper la rue et à mobiliser tout le Venezuela », s’est encore exclamé le président du Parlement.
Carmen Márquez de Padilla, 80 ans, a dit à l’AFP manifester contre le gouvernement de Nicolas Maduro composé de « délinquants et de tortionnaires », tout en évoquant le décès du capitaine de corvette Rafael Acosta Arevalo. Le militaire est mort en détention samedi dernier « après avoir été torturé », selon Juan Guaido.
Pour l’opposant de centre droit, qui bénéficie du soutien d’une cinquantaine de pays dont les Etats-Unis, le président chaviste est un « usurpateur » qui a obtenu un nouveau mandat grâce à la présidentielle « frauduleuse » de 2018.
Mais Juan Guaido, qui a tenté en vain de susciter un soulèvement armé le 30 avril, s’est aussi engagé sur la voie du dialogue. Deux rounds de pourparlers ont eu lieu en mai à Oslo entre les délégués de l’opposition et ceux du camp présidentiel, sans résultat tangible.
Cette semaine, il a exclu un nouveau dialogue après le décès du capitaine Acosta, détenu pour avoir participé à une « tentative de coup d’Etat » déjouée, selon le gouvernement chaviste.
Dans son discours de vendredi, Juan Guaido a précisé « ne pas avoir peur » du dialogue, si ce dernier permet de concrétiser les trois objectifs qu’il lui a assignés: le départ de Nicolas Maduro, la mise en place d’un « gouvernement de transition » et l’organisation d' »élections libres ».
Signe de l’extrême polarisation du Venezuela, Francisco Garcia, un manifestant de 38 ans, a dit à l’AFP son refus de pourparlers « avec des dictateurs et des assassins ».
Peu de temps auparavant, à l’autre bout de Caracas, Nicolas Maduro a lui-même évoqué le dialogue et a répété son « appel » à un nouveau round, à l’issue du défilé militaire de la Fête nationale.
Mais il a aussi appelé l’armée, clef de voûte du système politique vénézuélien, à se placer à « l’avant-garde morale, spirituelle, idéologique, physique et matérielle », tout en disant son « attachement à la famille militaire ».
Et d’annoncer que des exercices militaires auraient lieu le 24 juillet pour « tester » les plans de défense du pays qu’il dit soumis aux « offensives répétées » des Etats-Unis. Washington a adopté un grand nombre de sanctions pour tenter de mettre Nicolas Maduro et, in fine, le forcer à quitter le pouvoir.
Au plan international, le président vénézuélien fait face à une salve de critiques cinglantes en raison de la situation des droits de l’homme dans le pays.
En présentant un rapport vendredi, la Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme Michelle Bachelet a dénoncé l' »érosion de l’Etat de droit ».
Dans ce rapport rendu public jeudi, Michelle Bachelet, qui s’est rendue à Caracas en juin, dénonçait aussi un nombre « extrêmement élevé » d’exécutions extrajudiciaires présumées au Venezuela.
Parmi les critiques les plus féroces du président vénézuélien, son homologue chilien Sebastian Pinera a annoncé que le Chili allait interdire l’entrée sur son territoire à une centaine de Vénézuéliens liés à la « dictature » de Nicolas Maduro.
En Amérique latine, le Chili est le troisième pays à avoir accueilli le plus grand nombre de réfugiés vénézuéliens ces dernières années, soit 400 000 personnes qui ont fui la pire crise de l’histoire récente du Venezuela.