Trois « gilets jaunes » se sont rendus, vers 1 heure du matin le 9 juillet, à Paris, au domicile du fondateur du Mouvement du citoyen, Dany Ould, 33 ans, après lui avoir envoyé des menaces via sa messagerie Facebook. « On est en bas, on va s’occuper de toi, on va te buter.
« Tu parles trop sur les réseaux sociaux », lui a écrit quelques heures auparavant « John Barlou » (pseudonyme évocateur : « Barlou » pour loubard), le chef du trio énervé. Habitué aux menaces, a-t-il confié aux policiers, Ould n’a pas pris les avertissements au sérieux. Jusqu’à cette nuit, où regardant à sa fenêtre, il aperçoit trois individus dont l’un correspond à la photo de profil Facebook de l’auteur des menaces.
Celui-ci, accompagné d’un complice, a bénéficié de l’aide d’un troisième larron, voisin de Dany Ould, qui leur a permis d’entrer dans l’immeuble et localiser la porte d’entrée de son appartement. Les gardiens de la paix sont intervenus à temps. Les trois mis en cause ont été interpellés et placés en garde à vue. Ils ne portaient aucun objet susceptible d’attenter à l’intégrité physique de leur cible. La victime a déposé une plainte.
« Foulards rouges », « Mouvement du citoyen », ces regroupements associatifs se sont créés en réaction à la mobilisation des Gilets jaunes. Ils critiquent principalement leurs dérives violentes dans tout l’Hexagone après le mois de décembre 2018. Certains des initiateurs de ces rassemblements sont réputés proches de La République en marche. Bien qu’ils peinent à réunir une majorité de citoyens hostiles à l’arrivée des « gilets jaunes » dans le débat public, ils constituent néanmoins une cible pour la frange la plus radicale des « jaunes ». Ces derniers, comme en témoignent les réseaux sociaux, supportent peu la médiatisation de leurs opposants.
Les interventions médiatiques des opposants aux « gilets jaunes » provoquent régulièrement un flot d’injures et de menaces sur les réseaux sociaux. Insultes contre insultes, la riposte relève souvent de la « beauferie ». En outre, confusionnisme aidant, ceux qui se revendiquent du « Mouvement du citoyen » flirtent parfois avec une rhétorique d’extrême droite tout en affirmant soutenir le président de la République.
C’est dans ce contexte qu’est intervenue l’expédition punitive avortée des trois gardés-à-vue.