L’ex-président de l’Assemblée nationale François de Rugy et son épouse ont organisé, entre 2017 et 2018, de somptueuses soirées aux frais de l’État, indique une enquête de Mediapart. Selon l’actuel ministre, les dîners étaient «liés à l’exercice de sa fonction».
François de Rugy a organisé au minimum une dizaine de dîners luxueux «aux frais de la République» entre 2017 et 2018, lorsque l’actuel ministre était président de l’Assemblée nationale, affirme Mediapart dans une enquête publiée le 10 juillet.
Ces dîners de haut standing, essentiellement organisés par Séverine de Rugy, son épouse, journaliste people à Gala, auraient eu lieu à l’hôtel de Lassay, résidence officielle du président de l’Assemblée nationale, et en auraient mobilisé le personnel.
Des homards géants et des grands crus
Sur la table, ornée de «verres en cristal, porcelaines, petites cuillères en or, chandeliers, vaisselles d’apparat, bouquets de fleurs composés pour l’occasion» ont été servis des homards géants, du champagne et des vins de la cave de l’Assemblée comme du Château Cheval Blanc 2001 estimé à 550 euros la bouteille ou du Château Mouton Rothschild 2004 coûtant au moins 500 euros pièce, précise Mediapart qui dit avoir obtenu des documents, des photos et des témoignages ad hoc.Une telle pratique, sans liens évidents avec les fonctions d’alors de François de Rugy, aurait finalement suscité l’indignation de certains fonctionnaires de l’Assemblée. De Rugy, pour sa part, préfère parler de «dîners informels liés à l’exercice de ses fonctions avec des personnalités issues de la société civile», relate Mediapart.
«Ce n’est pas un dîner de travail»
Selon le site, les invités présents «appartenaient tous au cercle relationnel et surtout amical de Séverine de Rugy», citant des réalisateurs, des actrices ou encore des financiers. Mme de Rugy, elle, estime que ces dîners avaient surtout une fonction essentielle pour son mari: l’aider à rester connecté à la vraie vie. «Quand vous êtes un homme politique, vous ne pouvez pas vous couper de la société», relate Mediapart.Interrogés par le site d’information, plusieurs invités ont douté du caractère professionnel de ces dîners. C’est le cas par exemple de l’éditorialiste Jean-Michel Aphatie, invité par l’intermédiaire de sa femme, une amie de Séverine de Rugy, et questionné par Mediapart. «J’ai hésité à y aller parce que si le déjeuner est un espace de travail, le dîner est un espace ambigu. (…) J’ai vite compris que cela n’avait pas beaucoup de sens d’être là pour moi. Ce n’est pas un dîner de travail. Et si c’était à refaire, non, je ne le referais pas.»