Une commission parlementaire a étudié les conditions de travail de la police et de la gendarmerie française pour arriver à des conclusions alarmantes: son rapport final évoque un système proche de la rupture.
Bâtiments vétustes, manque de moyens logistiques et techniques, frustration générale: un rapport réalisé par une commission d’enquête de l’Assemblée nationale évoque les conditions de travail «déplorables» des forces de l’ordre française, décrivant un système «souvent au bord de la rupture», rapporte Le Figaro qui a pris connaissance du document.
Le rapport, rédigé par les députés Christophe Naegelen (UDI-Agir) et Jean-Michel Fauvergue (LREM), ancien patron du RAID, est basé sur les résultats d’un sondage réalisé auprès de 13.700 policiers et gendarmes, dont 70% se sont déclarés peu ou pas satisfaits de leur lieu de travail.
«L’immobilier des forces de sécurité intérieure est dégradé, au point parfois de nuire à leur capacité opérationnelle et d’offrir des conditions indignes d’accueil», indique le document.
La commission a estimé à 720 le nombre de sites ayant besoin d’une réhabilitation. La situation n’est guère meilleure lorsqu’il s’agit des véhicules de police, dont l’âge moyen est passé de 5,5 à 7,4 ans entre 2012 et 2018.
Protection insuffisante
D’après le rapport, les agents de police sont «insuffisamment protégés dans un contexte opérationnel intense et évolutif». Le document cite en exemple le cas de la gendarmerie de Chaumes-en-Brie, en Seine-et-Marne, où «15 militaires se partageaient deux casques, deux gilets lourds, un unique pistolet à impulsions électriques, un seul lanceur de balles de défense et un seul diffuseur de gaz lacrymogène de grande contenance».Pour sa part, le préfet de police de Paris, Didier Lallement, a évoqué «plus qu’un manque de matériel, une usure plus rapide de celui-ci».
Heures supplémentaires non récupérées et tâches indues
Dans le même temps, la commission épingle les «tâches indues», dont le volume est estimé à 8,7% de l’activité totale en 2018. «La multiplication de tâches administratives toujours plus chronophages et complexes» nourrit la «frustration» des forces de sécurité, souligne Jean-Michel Fauvergue.