Intelligence artificielle, reconnaissance faciale, guichet numérique unique pour les services publics… La Russie a présenté son savoir-faire à la XVe conférence mondiale sur le capital intellectuel de l’Unesco.
Plusieurs personnalités clés de la communauté scientifique russe du numérique ont participé à la conférence «L’intelligence artificielle et la prochaine génération de compétences» à Paris. L’événement, organisé par l’Université Paris-Sud dans le cadre du programme de l’Unesco «L’information pour tous» a été soutenu, côté russe, par l’un des plus anciens établissements qui œuvre dans le domaine des nouvelles technologies, l’Université d’État de gestion où, depuis 2018, un laboratoire de conception et de formation en économie numérique et hautes technologies a été ouvert, ainsi que par le ministère du Développement numérique de Russie.
Les services d’État russe sur un seul et unique site
On connaît l’aspect chronophage des démarches administratives. En France, les différentes administrations s’attellent depuis des années à simplifier la vie des particuliers et des entrepreneurs en mettant à leur disposition des solutions numériques. Chacun pourrait citer une bonne dizaine de sites auxquels il doit se connecter pour ses relations avec l’administration.En Russie, les démarches administratives pour toutes les étapes de la vie du citoyen passent par une seule et unique plateforme, GosOusslougui, «Les services d’État». Un extrait d’acte de naissance ou de mariage, un permis de conduire ou un passeport, le règlement d’un loyer ou d’une amende, l’inscription chez un médecin ou l’enregistrement d’un animal de compagnie… en 2018, «on a enregistré un milliard de visiteurs uniques et 30 millions de chargements de l’application mobile», a déclaré en janvier dernier Maxim Parchine, vice-ministre des Communications et des médias de la Fédération de Russie, lors du Forum Gaïdar.
L’année dernière, l’application mobile GosOusslougui a remporté à Doubaï le prix du meilleur service gouvernemental dans la catégorie «Gouvernement accessible».Mais le ministère a plus d’un atout dans sa manche. Mikhaïl Nassibouline, le très jeune directeur du département de la coordination des projets, considère que certaines technologies arrivées à maturité pourraient intéresser les Européens:
La reconnaissance faciale au service de l’homme
«La reconnaissance faciale est la première chose qui serait appliquée, raconte Mikhaïl Nassibouline. Le système le plus performant de reconnaissance faciale ne sera jamais au niveau de performance de l’intelligence artificielle.»
D’après ce spécialiste, «il n’y a pas de problèmes éthiques, puisque derrière l’ordinateur, il y a une personne qui peut décider quoi faire avec l’information ʺsensibleʺ» Ce système qui a été déjà testé sur le terrain lors de la Coupe du Monde et «plusieurs criminels internationaux ont étés capturés justement grâce à ce système».
«Nous avons des concepteurs très forts dans ce domaine, détaille Mikhaïl Nassibouline. Nous avons Cognitive Technologies, une société de logiciels qui développe des applications d’entreprise, des systèmes avancés d’aide à la conduite basés sur l’IA. Ou encore VisionLabs.»
Si VisionLabs et son équipe d’experts en vision par ordinateur continue ses recherches dans les domaines de la reconnaissance de visage ou d’objets, Cognitive Technologies a fait un pas de géant vers une utilisation pratique.
«Nous avons à Moscou un tram autonome avec le système de reconnaissance d’objets, dont la mise en service est prévue pour 2021-22, précise Mikhaïl Nassibouline. Il ne s’agit plus de belles images ni de prototypes, il s’agit des technologies réelles d’aujourd’hui.»