La Turquie va prospecter à Chypre malgré la pression de l’UE

La décision des pays membres de l’Union européenne de réduire les contacts diplomatiques et le financement de certains projets en Turquie en raison de sa prospection gazière au large de Chypre n’affectera pas la détermination d’Ankara à poursuivre ses activités dans la région, a déclaré mardi le ministère turc des Affaires étrangères.

Les chefs de la diplomatie de l’UE se sont entendus lundi à Bruxelles sur une série de mesures relativement symboliques à l’encontre de la Turquie, qu’ils accusent de violer la zone économique exclusive de Chypre, poussant un peu plus loin leur solidarité avec le gouvernement de Nicosie. Selon le ministère turc des Affaires étrangères, le fait que les Européens n’aient pas mentionné à cette occasion les autorités séparatistes chypriotes turques du nord de l’île dénote à quel point «l’UE à une attitude biaisée et partisane au sujet de Chypre».

La découverte de gisements gaziers et pétroliers dans ce secteur a exacerbé les tensions entre Chypre et la Turquie, qui occupe la partie nord de l’île depuis 1974. Nicosie considère que la zone de forage appartient à sa zone économique exclusive, ce que réfute Ankara. Pour tenter de faire pression sur la Turquie sans s’aliéner totalement un voisin dont elle a besoin de la coopération pour contrôler l’immigration en provenance du Proche-Orient, l’UE a notamment décidé de suspendre les négociations de l’Accord global sur le transport aérien («Comprehensive Air Transport Agreement»), qui permet aux compagnies aériennes d’un pays d’avoir un meilleur accès au ciel de l’autre, et de ne pas organiser le Conseil d’association et d’autres réunions bilatérales au plus haut niveau.

Elle a aussi appuyé une proposition visant à diminuer les aides de pré-adhésion à la Turquie en 2020 et invité la Banque européenne d’investissement (BEI) à réduire ses prêts à Ankara. Selon un diplomate européen, la Turquie pourrait perdre le bénéfice de 150 des 400 millions d’euros qui devaient lui être attribués l’année prochaine. «Ces décisions ne vont pas affecter la détermination de notre pays à poursuivre ses activités d’hydrocarbures en Méditerranée orientale», a assuré le ministère turc des Affaires étrangères dans un communiqué.