Plusieurs dizaines de personnes se sont rassemblées devant un tribunal d’Istanbul mardi pour exprimer leur soutien à un mathématicien turc enseignant en France, qui a demandé son acquittement lors de la reprise de son procès pour «propagande terroriste».
Tuna Altinel, maître de conférences à l’Université Claude-Bernard Lyon 1 (centre-est), est accusé d’avoir fait de la «propagande terroriste» en signant en 2016, comme plus de 2000 autres universitaires turcs, une pétition demandant l’arrêt des opérations des forces de sécurité dans le sud-est de la Turquie. S’exprimant lors de la deuxième audience de son procès par visioconférence depuis la prison où il est écroué depuis plus de deux mois, Tuna Altinel a rejeté l’accusation et demandé son acquittement, selon un correspondant de l’AFP.
Le mathématicien de 53 ans est apparu souriant, saluant de la main ses proches venus le soutenir au tribunal. A l’issue de cette deuxième audience, le tribunal a ajourné son procès au 26 décembre. Plusieurs dizaines de personnes s’étaient rassemblées avant l’audience devant le tribunal, brandissant des écharpes «Touche pas à mon prof».
«Dans les autres pays, les universitaires qui militent pour la paix sont récompensés par des prix. En Turquie, on leur donne des peines de prison», a déclaré à l’AFP la compagne du mathématicien, Lütfiye Bozdag, elle aussi universitaire. Tuna Altinel fait également l’objet d’un deuxième procès qui s’ouvrira le 30 juillet à Balikesir (nord-ouest), sous le chef d’accusation plus lourd d’«appartenance à une organisation terroriste».
En cause, sa participation à une réunion en France d’une amicale kurde accusée par les autorités turques d’être liée au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), une groupe armé qui livre une guérilla à l’Etat turc depuis 1984. Diplômé du lycée francophone Galatasaray à Istanbul, Tuna Altinel réside à Lyon depuis 1996. Il a été arrêté en mai alors qu’il se trouvait en Turquie pour ses congés. Le gouvernement français avait alors exprimé sa «préoccupation».
Le consul général de France à Istanbul, Bertrand Buchwalter, était présent à l’audience mardi. Les milieux universitaires sont soumis à de fortes pressions en Turquie, notamment depuis la tentative de coup d’Etat du 15 juillet 2016 qui a été suivie de purges massives n’ayant pas épargné les facultés.