Apple, Amazon, Facebook et Google sont convoqués ce mardi à des auditions au Congrès pour discuter notamment de leur position de monopole et la manière dont ils écrasent la concurrence et pénalisent le consommateur.
Vendredi 12 juillet, la Federal Trade Commission (l’équivalent de la Direction générale de la concurrence) a condamné Facebook à 5 milliards de dollars d’amende, pour avoir autorisé l’an dernier la firme de conseil britannique Cambridge Analytica, à puiser dans les données de quelque 50 millions d’utilisateurs sans le leur notifier. Le record précédent était l’amende de 22,5 millions contre Google.
La Silicon Valley, après avoir été présentée comme un modèle de progrès et avoir opéré pendant des années sans grand contrôle, n’est plus en odeur de sainteté à Washington et se fait attaquer de toutes parts par le Congrès, la Maison-Blanche, les hommes politiques… Les révélations sur la manipulation des réseaux sociaux – et l’influence dangereuse sur les électeurs – lors de la présidentielle de 2016, tout comme les scandales à répétition de Facebook et Google, qui ne cessent de violer le respect de la confidentialité des données, ont fini par avoir un impact. Quant à Amazon et Apple, ils sont devenus tellement gros qu’ils sont considérés comme des monopoles inquiétants. « Il y avait une réticence aux débuts d’Internet à intervenir, a résumé David Cicilline, un élu démocrate. Cela apportait un tel plus à la vie des gens que certains estimaient qu’on ne devait pas s’en mêler et le laisser prospérer. Mais avec le temps, les gens ont reconnu qu’il y avait un vrai danger. »
Trump tire à boulets rouges
Les autorités américaines semblent donc décidées à sévir contre les géants de la tech. Les démocrates estiment que les 5 milliards de dollars d’amende contre Facebook – qui doivent être maintenant entérinés par le département de la Justice – sont une « tape sur les doigts » compte tenu des énormes profits du groupe de Mark Zuckerberg. Mais c’est aussi l’une des sanctions les plus sévères appliquées par l’administration Trump. Et il y en aura peut-être d’autres si l’on en croit le président, devenu l’un des critiques les plus féroces de la Silicon Valley. Il a organisé il y a quelques jours un sommet sur les réseaux sociaux dans lequel il s’en est pris à Google, Facebook et Twitter. Il les accuse, sans fournir de preuves concrètes, de censurer ses partisans. Ce n’est pas nouveau. Depuis des mois, il tape sur les Gafa. Il leur reproche d’être anti-conservateurs, de vouloir influencer les élections, il critique Amazon qui « profite » de la Poste et ne paie pas assez d’impôts et brandit la menace de réglementations et d’enquêtes antitrusts. Ce qui est assez étonnant vu que par ailleurs il s’efforce de déréglementer à tout-va les autres secteurs économiques. Fin juin, il a déclaré que le gouvernement américain « devrait poursuivre en justice Google et Facebook ». Au Sommet, il a promis de convoquer les patrons de la tech à Washington et de demander à son gouvernement « d’explorer toutes les solutions réglementaires et législatives pour protéger la liberté d’expression ». Va-t-il le faire ou s’agit-il juste de paroles en l’air ?
Il n’y a pas que Donald Trump qui tonne contre les Gafa. Pour une fois, démocrates et républicains s’accordent sur le fait que les géants de la tech ont accumulé trop de pouvoir et doivent être mis au pas. La majorité des candidats démocrates pour 2020 appellent à renforcer les mesures de contrôle et certains vont même jusqu’à militer pour la scission de ces groupes en différentes entités.
En attendant, début juin, les autorités de la concurrence au département de la Justice et à la FTC ont annoncé qu’elles se partageaient la surveillance des Gafa. Amazon et Facebook passent désormais sous la tutelle de la FTC, et Apple et Google sous celui du ministère de la Justice. Cette réorganisation ne veut pas forcément dire que ces agences vont ouvrir des enquêtes. Et même si elles le font, il n’est pas sûr que les géants de la tech aient réellement à trembler. Le cas antitrust le plus célèbre ces dernières années, c’est l’enquête en 2011 de la FTC contre Google. Le groupe était accusé d’avoir abusé de sa position dominante, en manipulant ses algorithmes de recherche pour faire passer en tête ses services et reléguer en bas de page ceux de ses concurrents. Deux ans plus tard, les cinq membres de la commission ont déclaré à l’unanimité qu’ils n’avaient trouvé aucune preuve de manipulation des résultats de recherche et Google s’en est tiré avec quelques petits ajustements.